Les cours du pétrole continuaient à grimper en Asie mercredi après l'avertissement de Washington demandant aux autres pays de cesser d'importer du brut iranien d'ici novembre s'ils veulent éviter les sanctions américaines. Vers 04H00 GMT, le baril de "light sweet crude" (WTI), la référence américaine du brut, pour livraison en août, prenait 29 cents, à 70,82 dollars. Le baril de Brent de la mer du Nord, principale référence sur le marché mondial, pour la même échéance, gagnait 25 cents à 76,56 dollars. Le président américain Donald Trump a annoncé le 8 mai son retrait de l'accord international de 2015 censé empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique, qu'il juge trop laxiste. Il a rétabli, à cette occasion, toutes les sanctions américaines levées dans le cadre de cet accord. "Les cours du pétrole s'envolent du fait des appels lancé par l'administration américaine à ses alliés pour qu'ils réduisent à zéro les importations iraniennes", a déclaré Stephen Innes, analyste chez Oanda. Washington a demandé à d'autres pays de l'aider à faire pression sur l'Iran en arrêtant leurs importations, y compris les pays de l'Union européenne et des gros clients de Téhéran comme l'Inde, le Japon et la Chine. "L'Inde importe de vastes quantités de brut iranien mais ce pays a laissé entendre qu'il se plierait aux exigences de Washington", a déclaré Sukrit Vijayakar, analyste chez Trifecta Consultants. "Pékin cependant, ne s'est pas engagé à arrêter d'acheter du pétrole iranien et les tensions commerciales croissantes avec les Etats-Unis rendent plus improbable une telle perspective". Les cours sont également soutenus par des problèmes au Canada, où l'exploitation de la mine de sables bitumineux Syncrude a été interrompue en raison d'une panne électrique, et où aucune date de redémarrage n'a encore été fixée. Problèmes également en Libye, l'homme fort de l'est du pays Khalifa Haftar a annoncé que toutes les installations pétrolières sous le contrôle de son "armée" seraient remises à la Compagnie du pétrole du gouvernement parallèle basé dans l'est. Le gouvernement libyen d'union nationale (GNA), reconnu internationalement, a appelé mardi le Conseil de sécurité des Nations unies à bloquer "toute tentative de vente illégale de pétrole". De plus, la fédération privée American Petroleum Institute a estimé que les stocks de brut américain avaient reculé de 9,228 millions de barils dans la semaine achevée le 22 juin, bien au-delà des prévisions des analystes.
Menaces de Washington sur le brut iranien La veille, les prix du pétrole ont bondi à Londres et à New York après un avertissement adressé par les Etats-Unis à tous les pays important du brut iranien, une menace pouvant limiter l'offre d'or noir sur le marché mondial. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en août a gagné 2,45 dollars ou 3,6% pour terminer à 70,53 dollars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance a fini à 76,31 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 1,58 dollar ou 2,11% par rapport à la clôture de lundi. Les cours ont soudainement grimpé quand un responsable du département d'Etat a indiqué que tous les pays achetant du brut à Téhéran devaient stopper complètement leurs importations d'ici le 4 novembre s'ils voulaient éviter les sanctions américaines rétablies après le retrait de Washington de l'accord sur le nucléaire iranien. "Il était déjà établi que les pays européens allaient devoir fortement réduire leurs achats, même si certains espéraient encore pouvoir contourner les sanctions", a commenté Matt Smith du cabinet ClipperData. Le géant français du pétrole Total avait ainsi fait savoir qu'il ne mènerait pas à terme un grand projet gazier en Iran, entamé en juillet 2017, à moins d'obtenir une dérogation de la part des autorités américaines. "Mais les Etats-Unis semblent faire monter la pression en s'adressant aussi aux pays asiatiques comme la Chine et l'Inde, qui ont obtenu des exemptions par le passé", a-t-il ajouté. Les commentaires de l'administration "rappellent aux investisseurs qu'on pourrait vraiment voir dans les prochains mois une baisse de l'offre de brut sur le marché mondial", a remarqué de son côté Bart Melek de TD Securities. "Même si l'Arabie saoudite a assuré qu'elle pourrait augmenter sa production, et prévoit de la faire grimper à un record en juillet, il n'est pas sûr que cela puisse compenser tous les barils iraniens perdus", a-t-il ajouté. Certains pays comme la Chine sont toutefois moins sensibles aux menaces américaines, a nuancé M. Melek. D'autres pays, dont la Russie, peuvent aussi accroître leur production. Mais, au moment où la saison des départs en vacances va faire augmenter la demande en pétrole, la production mondiale est perturbée par d'autres facteurs. "Nous avons perdu 350 000 barils par jour au Canada et 400 000 b/j en Libye alors même que la production vénézuélienne continue de baisser", a détaillé Bjarne Schieldrop de SEB. Au Canada, le problème vient de la mine de sables bitumineux Syncrude, interrompue il y a quelques jours en raison d'une panne électrique et aucune date de redémarrage n'a encore été fixée. En Libye, des autorités rivales du gouvernement basé à Tripoli ont annoncé lundi avoir repris à des groupes armés le contrôle de quatre terminaux par lesquels l'essentiel du pétrole libyen est exporté. Le gouvernement libyen d'union nationale (GNA), reconnu internationalement, a appelé mardi le Conseil de sécurité des Nations unies à bloquer "toute tentative de vente illégale de pétrole".