Le roi du Maroc assure être entièrement ouvert à d'éventuelles propositions et initiatives émanant de l'Algérie pour «désamorcer le blocage dans lequel se trouvent les relations bilatérales». Le roi du Maroc, Mohammed VI, tend la main à l'Algérie. Dans un discours télévisé prononcé mardi dernier à l'occasion du 43e anniversaire de la Marche verte, le souverain marocain affiche sa disposition «au dialogue direct et franc avec l'Algérie sœur afin que soient dépassés les différends conjoncturels et objectifs qui entravent le développement de nos relations». Mohammed VI suggère ainsi à l'Algérie «la création d'un mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation». Le roi du Maroc affiche également l'ouverture totale de son pays à d'«éventuelles propositions et initiatives émanant de l'Algérie pour désamorcer le blocage dans lequel se trouvent les relations bilatérales». Les relations actuelles entre les deux pays, estime-t-il, «échappent à la normalité, créant, de fait, une situation inacceptable». Le souverain marocain revient sur «l'état de division et de discorde qui sévit actuellement au sein de l'espace maghrébin». Loin de son discours belliqueux auquel il nous a habitués ces dernières années, Mohammed VI prône donc le réchauffement des relations bilatérales entre l'Algérie et le Maroc. Il considère que la situation des relations entre ces deux pays voisins est en contradiction avec les liens fraternels qui unissent les deux peuples. Les divisions sont telles, estime Mohammed VI, que les deux Etats se sont éloignés de «l'idéal unitaire maghrébin qui animait la génération de la libération et de l'indépendance, ambition qui s'est incarnée en 1958 par la Conférence de Tanger, dont nous célébrons le soixantième anniversaire». Le souverain marocain rappelle dans ce sillage l'apport de son royaume à la Révolution algérienne, qui avait été «un élément fondateur de la conscience et de l'action politique maghrébine commune». Mohammed VI considère que les différends existant entre les deux pays ne sont pas insurmontables et qu'il n'y a «nul besoin qu'une tierce partie joue, entre nous, les intercesseurs ou les médiateurs». Mohammed VI ne s'arrête pas là. Il juge l'état actuel des relations entre l'Algérie et le Maroc d'inacceptable. A travers le mécanisme qu'il propose, Mohammed VI veut «examiner toutes les questions bilatérales avec franchise, objectivité, sincérité et bonne foi, sans conditions ni exceptions, selon un agenda ouvert». Mohamed VI fait état de l'affection et l'estime qu'il porte «à l'Algérie, à sa direction et à son peuple». Ce discours mielleux du roi du Maroc suscite des interrogations. D'abord, le timing. Il intervient à un mois de la reprise du cycle des négociations avec le Front Polisario sur la question du Sahara occidental. L'Algérie, qui a toujours refusé d'être mêlée à ce conflit, participera à ces négociations sur invitation de l'ONU en tant que pays voisin et observateur au même titre que la Mauritanie. Le choix du 43e anniversaire de la Marche verte pour tendre la main à l'Algérie en vue de relancer les relations bilatérales n'est pas fortuit. Que cache donc ce changement de ton du roi du Maroc envers l'Algérie ? Mohammed VI cherche-t-il à désigner l'Algérie comme responsable de la situation de blocage de l'union du Maghreb et des relations bilatérales avec son voisin de l'Ouest ? Des questions qui sont légitimes, surtout que Mohammed VI nous a déjà habitués à des manœuvres à la veille d'échéances importantes et à des coups de bluff.