Le mécontentement a gagné des expropriés dans le cadre du projet de barrage hydraulique de Souk n'Tlata, dans la commune de Tadmaït, depuis les dernières pluies qui se sont abattues dans la région. Ainsi, après avoir passé des nuits d'inquiétude suite aux pluies ininterrompues ayant provoqué des crues autour de leurs habitations et de leurs biens (pépinières, jardins, élevages, etc.), des chefs de famille, ainsi que des jeunes, ont organisé, mercredi dernier, un rassemblement devant les locaux des entreprises réalisatrices du barrage. De fait, ils bloquent le chantier, exigeant que «les engagements des autorités compétentes soient d'abord mis en œuvre concrètement, à savoir l'achèvement des logements promis à Tadmaït, puis le relogement des familles concernées», tonnent les protestataires. Il faut signaler que des familles ont failli être emportées par des crues de l'oued de Souk n'Tlata dans la nuit de samedi à dimanche (3-4 novembre), «en raison, justement, des engagements non tenus des responsables qui ont négocié avec nous», clament des jeunes de la localité. De plus, ajoutent-ils, «même si les 271 logements prévus par le ministre des Ressources en eau sont terminés et qu'on procède à notre évacuation, un autre grand problème va se poser, puisque, avec le retard accumulé depuis bien avant les années 2010, le nombre de jeunes célibataires ayant dépassé l'âge de se marier s'est encore accru, donc tout est à revoir de fond en comble», estiment-ils. Concernant les indemnisations des expropriés, les protestataires indiquent que «celles-ci ne sont que de 80%», ils dénoncent, dans ce contexte, le retard accusé pour ce projet, sachant que le délai de réalisation est de 20 mois. «Ayant reçu son ODS (ordre de service) en avril 2014, le projet de relogement n'a atteint, en cette fin de 2018, que 60% du taux d'avancement. Or, lorsqu'on doit quitter les lieux, c'est pour habiter et non pour chercher un maçon qui puisse parachever ou finir nos logements.» Les protestataires, qui ont déjà demandé, depuis juin dernier, une audience au wali de Tizi Ouzou pour exposer succinctement leurs doléances, tout en interpellant par écrit et à la même période le ministre de tutelle quant à ce dilemme qu'ils n'arrivent pas à expliquer, indiquent qu'ils sont résolus à poursuivre ce bras de fer jusqu'à ce que des solutions soient apportées à leurs préoccupations. En outre, il faut savoir que la liste des 271 personnes nécessitant relogement «n'est pas encore définie de façon exhaustive, étant donné que celle-ci a été ‘‘manipulée'' en 2012. Pis encore, aucun de ces expropriés n'a de documents officiels attestant son relogement. C'est dire que rien n'est clair pour ces dizaines de vieux et de jeunes expropriés, quant à leur sort à la fin des travaux de la digue devant contenir les eaux du barrage». Nos interlocuteurs nous apprennent que le mandat de leur association s'est achevé en 2014, «mais comme ses objectifs n'ont pas été tous atteints, son renouvellement a été relancé en 2016. Cependant, l'agrément n'est toujours pas délivré, au motif que ‘‘tous les problèmes des expropriés du barrage sont pris en charge'', une façon de nous dire que son renouvellement est inutile. Personnellement, je n'ai aucune confiance, tant que rien de palpable ne m'est présenté», ajoute le même citoyen concerné par ce dossier. Réalisé sur une surface d'environ 450 hectares, en lien avec les communes de Tadmaït, Tirmitine, Maâtkas, Aït Yahia Moussa et Aïn Zaouia, le barrage de Souk n'Tlata aura, à son achèvement, une capacité d'environ 100 millions de mètres cubes d'eau (AEP et irrigation) qui alimenteraient notamment les wilayas de Tizi Ouzou et de Boumerdès.