À l'occasion de la célébration du 60e anniversaire de la Déclaration des droits de l'homme, la Fédération internationale des journalistes (FIJ), la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) et son comité femmes de la LADDH ont souligné cet événement, hier après-midi, en observant une halte hautement symbolique à la Maison de la presse Tahar Djaout. Ainsi, les journalistes ont assisté à la projection du film documentaire Rapporteurs de guerre, d'une durée de 55 minutes et datant de l'année 2005, réalisé par Patrick Chauvet et Antoine Novat. Un documentaire de très bonne facture, s'interrogeant sur l'acte journalistique photographique dans les conflits de guerre à travers le monde. Il s'agit d'un questionnaire filmique, déontologique et médiatique par rapport à la fonction de reporter de guerre. Le photojournalisme : un acte responsable, politique, subjectif, « voyeur », voire impuissant et empreint de culpabilité face à l'horreur et à la souffrance des humains dépassant tout entendement ? Et ce, à travers une débauche d'interviews, témoignages et autres séquences de foyers de guerre. Des images immortalisant la bêtise humaine : la guerre, l'instinct belliqueux, la négation de l'autre et l'acte génocidaire. D'anciens et jeunes photoreporters témoignent sur la condition humaine pour ne pas dire infra-humaine, le sens et la raison d'exercer cette profession. Des journalistes veulent se défausser, sans jeu de mots, de l'image des « paparazzis de la guerre ». Envoyés spéciaux au Vietnam, à Grozny (Tchétchénie), à Djakarta (Indonésie), à Beyrouth (Liban), au Panama, au Rwanda, en Irak lors de la guerre du Golfe (1991), ces journalistes témoignent de leurs missions, mais ils admettent que cela demeure et reste mortifère. Car ils sont les témoins oculaires d'une situation dramatique et tragique, surtout pour des civils innocents, victimes de guerre et autres conflits ne les concernant guère. « J'ai toujours pris parti et position pour le faible et la victime dans la guerre. J'ai pris parti pour la population bosniaque massacrée par l'armée serbe... Il faut avouer sa subjectivité. Il ne faut pas leurrer le lecteur. Il faut être honnête... », avouera un photographe. Quant à la tragédie humaine comme le génocide rwandais, Gilles Press, grand photographe (27 ans en Irlande) de l'agence Magnum, dira non sans émotion : « On fait des photos inédites, mais il y a tellement de morts (au Rwanda) que cela devient lourd. On est sensibles... »