Le Congrès américain prendra en considération la libération du père de la bombe atomique pakistanaise Abdul Qadeer Khan lors du réexamen de l'aide apportée à Islamabad, ont averti vendredi des parlementaires américains. Le président démocrate de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, Howard Berman, a jugé « très alarmante » la libération d'Abdul Qadeer Khan, qui vivait depuis cinq ans en résidence surveillée pour s'être livré à des activités de prolifération nucléaire. « Les responsables américains n'ont pas été autorisés à entendre M. Khan pour tenter de déterminer l'étendue du préjudice qu'il a causé à la stabilité du monde », a déclaré M. Berman dans un communiqué. « Le Congrès en tiendra compte lorsque nous réexaminerons et légiférerons sur les relations américano-pakistanaises et sur les conditions de l'aide américaine fournie à Islamabad », a-t-il ajouté. De son côté, le président Obama veut obtenir des assurances du Pakistan que Abdul Qadeer Khan n'est plus impliqué dans des activités de prolifération nucléaire, a indiqué la Maison-Blanche La justice pakistanaise a rendu vendredi sa liberté au père de la bombe atomique du Pakistan qui vivait depuis cinq ans en résidence surveillée pour s'être livré à des activités de prolifération nucléaire. « Le demandeur (Khan) est déclaré citoyen libre », a ordonné un arrêt de la Haute cour d'Islamabad. Le scientifique, 72 ans, a aussitôt remercié le président Asif Ali Zardari et le Premier ministre Yousuf Raza Gilani, depuis sa résidence au cœur de la capitale pakistanaise. « Je remercie la Nation tout entière pour s'être tenue à mes côtés en ces temps difficiles », a dit celui que ses thuriféraires considèrent comme un « héros national » pour avoir hissé le Pakistan au rang d'unique puissance nucléaire militaire du monde musulman depuis ses essais de mai 1998. Plaisantant avec des journalistes et déambulant devant sa villa cossue, M. Khan a assuré pouvoir dorénavant « se rendre n'importe où au Pakistan, sans aucune restriction, entouré des mesures de sécurité dont je disposais précédemment. » Au Pakistan, sa remise en liberté « sera saluée car même si les gens pensent qu'il a vendu de la technologie nucléaire, il n'a pas pu le faire sans le consentement des autorités de l'époque », a expliqué l'analyste Talat Masood. « Mais les pressions internationales vont recommencer pour que le gouvernement le garde sous surveillance », a-t-il prévenu. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, s'est déclarée « très préoccupée » par cette décision. « Je suis très préoccupée et nous en dirons plus ultérieurement », a-t-elle déclaré. M. Khan était en résidence surveillée depuis février 2004, lorsqu'il avait admis à la télévision avoir mené des activités de prolifération nucléaire en vendant dans les années 1990 la technologie pakistanaise à la Libye, l'Iran et la Corée du Nord. Il était cependant ensuite revenu sur ses déclarations. Devant la presse, M. Khan, opéré pour un cancer en 2006, a assuré qu'il ne craignait rien pour sa vie : « Personne ne voudrait me faire de mal. » Face au président de la Haute cour, le juge Sardar Mohammad Aslam, les avocats de A.Q. Khan avaient fait valoir que leur client « n'était impliqué dans aucune activité criminelle, notamment dans une prétendue prolifération nucléaire », selon l'arrêt. Mais les conditions de son élargissement n'ont pas été rendues publiques. En juillet, le juge Aslam avait autorisé le scientifique à rendre visite à ses proches au Pakistan, mais lui avait interdit de s'exprimer dans la presse sur son dossier judiciaire. Il avait obtenu en 2004 le pardon de l'ancien président pakistanais Pervez Musharraf, mais restait confiné dans sa maison —autant surveillé que protégé— par des soldats et des agents secrets.