Le président américain veut des assurances que celui qui a fabriqué la bombe nucléaire pakistanaise ne sera plus impliqué dans les activités de prolifération nucléaire, comme il a été en proposant ses services à certains pays comme l'Iran, la Libye ou la Corée du nord. Sitôt l'information de la remise en liberté de Abdul Qadeer Khan rendue publique, les Etats-Unis ont tiré la sonnette d'alarme pour mettre en garde Islamabad contre les conséquences pouvant découler de cette décision de la justice pakistanaise. Les Américains basent leur réaction sur le fait qu'ils n'ont pas pu avoir accès au dossier du concerné. Pour le président démocrate de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, Howard Berman, la situation est “très alarmante”, car “les responsables américains n'ont pas été autorisés à entendre M. Khan pour tenter de déterminer l'étendue du préjudice qu'il a causé à la stabilité du monde”. Dans un communiqué, il a affirmé : “Je suis profondément inquiet du fait que, en le relâchant, le gouvernement pakistanais lui ait donné la liberté de reprendre, peut-être directement, ses actions passées pour aider, encourager et participer à la prolifération des armes nucléaires”, et que “le Congrès en tiendra compte lorsque nous réexaminerons et légiférerons sur les relations américano-pakistanaises et sur les conditions de l'aide américaine fournie à Islamabad”. De son côté, le président américain Barack Obama veut obtenir des assurances du Pakistan que le père de la bombe atomique pakistanaise, Abdul Qadeer Khan, libéré vendredi, n'est plus impliqué dans des activités de prolifération nucléaire, a indiqué le porte-parole de la Maison-Blanche Robert Gibbs. “Nous avons bien sûr entendu les informations sur sa libération mais n'avons pas reçu (...) de déclaration officielle du gouvernement pakistanais”, a déclaré cette source. “Et quand nous aurons un point du gouvernement sur ces informations, bien évidemment le président et le gouvernement américains veulent des assurances que le Dr Khan n'est pas impliqué ou engagé dans une des activités qui avaient conduit à son arrestation”, a souligné Robert Gibbs. Même son de cloche chez la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, qui s'est déclarée “très préoccupée” par la décision de la justice pakistanaise. Interrogée par la presse au cours d'une brève séance de photos avec la présidente philippine Gloria Macapagal-Arroyo, elle a dit : “Je suis très préoccupée et nous en dirons plus ultérieurement.” Plus menaçant, le Congrès US a averti qu'il prendrait en considération la libération du père de la bombe atomique pakistanaise lors du réexamen de l'aide apportée à Islamabad. Auparavant, un porte-parole du département d'Etat, Gordon Duguid, avait jugé “fâcheuse” la décision de la justice pakistanaise de rendre sa liberté à A. Q. Khan, tout en soulignant que cette décision n'avait pas été confirmée par le gouvernement. Pour rappel, en février 2004, Abdul Qadeer Khan avait admis à la télévision avoir mené des activités de prolifération nucléaire en vendant dans les années 1990 la technologie pakistanaise à la Libye, l'Iran et la Corée du Nord. Il était cependant ensuite revenu sur ses déclarations. Agé de 72 ans, il était en résidence surveillée depuis février 2004. Merzak Tigrine