Une tendance inaugurée lundi par la présentation de Alem baouche, une pièce de Azzedine Medjoubi auquel le festival rend hommage cette année, produit du Théâtre régional de Batna. Cette deuxième poule de troupes amateurs comporte les compétiteurs les plus sérieux du festival. L'atelier universitaire El Hiyem de Sidi Bel Abbas a présenté lundi une adaptation en arabe Des Fourberies de Scapin, du classique français Molière. Mise en scène par Bouadjadj Ghalem, qui campe le rôle de Scapin dans la pièce, sur une scénographie de Nourredine Dra, Hiel Escapan (traduction à l'arabe) a d'emblée montré ses dispositions à investir son espace dans la soirée. La pièce s'ouvre sur un tableau où les comédiens immobiles sont disposés à l'exposition par le madré Scapin. Décors et costumes de circonstance, la représentation s'est munie de la logistique pour en imposer. El âlag de Abdelkader Alloula, où la croisière dans les méandres de l'administration gavée aux élucubrations socialistes, a été jouée mardi par la troupe Ladjoued d'Oran. Au-delà de l'anachronisme que présente le thème de la pièce, mise en scène par Khir Eddine Lardjem, Ladjoued ont joué sur une timide et décisive réappropriation du texte, confortée par un jeu d'acteur qui a eu la chance, dès ses débuts, de se produire en Hexagone pour l'Année de l'Algérie en France et ce durant cinq mois. El Ichara, donne le ton Hier, les deux dernières troupes en compétition, El Ichara de Mostaganem avec La Légende, et la coopérative Ed-dik de Sidi Bel Abbas, avec un Don Quichotte à la sauce factice, devraient donner le dernier jet à une compétition qui a déjà amplement tracé son cadre lundi et mardi. Les résultats seront connus jeudi soir à la faveur de la cérémonie de clôture du festival. Cette dernière journée devrait voir intervenir les invités de l'édition, une troupe de Lille (France) avec une comédie musicale intitulée L'Exode, conduite par Boutros Hayek, et un dernier hommage à Medjoubi que lui rendra le Petit théâtre de Béjaïa en jouant Hafila tassir. «Un théâtre de pauvres, fait par les pauvres.» Les participants à la 37e édition du Théâtre amateur de Mostaganem se reconnaissent dans cette maxime. Du moins, ceux qui lui sont les plus fidèles. Le festival est devenu avec le temps le seul lieu de représentation pour nombre de formations qui n'ont pas réussi à créer leurs propres espaces. Pour les autres, Mostaganem reste un des rares lieux de diffusion où leurs spectacles peuvent être vus, primés au mieux, en dehors de leur localité d'origine. «Que le grand prix du festival soit une diffusion de la pièce primée à travers les théâtres du pays», réclament les amateurs réunis à l'ex-ITE, où ils sont hébergés. L'influence qu'a gagnée le festival pose, par ailleurs, d'un autre côté un dilemme aux organisateurs. «Pour moi, une troupe amateur est une troupe qui prend le temps qu'il faut pour monter son spectacle, expose Djamel Bensaber, principal coordinateur de la manifestation. Mais là, nous sommes devant des troupes qui reviennent systématiquement à Mostaganem, qui travaillent presque exclusivement pour venir au festival et se mettre en compétition.» L'institutionnalisation de la manifestation a mis dans la case de l'acquit une pérennisation qui n'a pourtant pas attendu l'attention du gouvernement et qui est même parfois allée à l'encontre de son indifférence. Marqué par l'idéologie UNJA (Union nationale de la jeunesse algérienne), dans laquelle le festival a puisé l'essentiel de ses encadreurs, la manifestation devra pourtant adopter une nouvelle manière de faire. Du côté des autorités locales, on estime effectivement qu'on est passé à autre chose et on se félicite qu'«eddoula» ait fait ainsi le ménage. Cette manifestation, qui a été le fruit depuis sa naissance du travail d'une association, se retrouve aujourd'hui dans une nouvelle configuration où le degré d'influence a changé sans que les moyens suivent pour autant. Face à ce retournement, les organisateurs tentent de parer à une phobie nouvellement «chopée», celle du rapport de presse négatif. Les rencontres provoquées avec les médias se multiplient dans l'espoir de bien se faire comprendre. Depuis 1998, la direction du festival est confiée à Djamel Bensaber, président de l'association El Ichara de Mostaganem qui gère la manifestation sur la base de plateformes «quinquennales». La dernière en date prévoit pour l'année prochaine une édition internationale «pour faire respirer le festival». Le travail du commissariat devra épouser ces objectifs. C'est ainsi, du moins, que le coordinateur principal de la manifestation conditionne son maintien à la direction du festival…