Un grand rassemblement a eu lieu jeudi soir à l'Institut du monde arabe à Paris pour la libération de la journaliste du quotidien Libération, Florence Aubenas. Journalistes, hommes politiques et simples citoyens étaient présents à cette soirée de soutien. La grande salle du 9e étage de l'Institut du monde arabe s'est révélée trop petite pour contenir les centaines de personnes venues exprimer leur solidarité. « Florence, notre fille, je ne peux que le répéter, est partie de son plein gré en Irak pour accomplir sa mission de journaliste. Elle est là-bas pour nous tous, mais aussi pour les Irakiens : elle porte témoignage, et je le répète après beaucoup d'autres, de ce qui se passe dans ce pays déchiré par la guerre, mais vivant dans l'espoir de la paix, et elle le fait pour eux, pour nous, pour servir la démocratie et la liberté des hommes », a déclaré le père de la journaliste disparue. Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), à l'origine de cette soirée, a voulu couper court à la polémique qui n'arrête pas d'enfler sur l'envoi ou non de journalistes en Irak : « Il serait catastrophique qu'il n'y ait plus de journalistes en Irak. Si tout le monde suivait les conseils de Jacques Chirac et des membres du gouvernement, il n'y aurait plus de journalistes français. Qui resterait en Irak ? Les militaires et les diplomates ? On laisserait face à face la résistance irakienne d'un côté, les autorités américaines et le gouvernement en poste à Baghdad de l'autre, et ce sont eux qui nous diraient ce qui se passe ? On sent bien que ce n'est pas possible. » La presse irakienne révèle que la présence des journalistes étrangers est cruciale. Elle redoute une guerre à huis clos, entre le gouvernement irakien, l'armée américaine et la résistance. Sur le terrain, il n'y a aucune nouvelle information. La rédaction de Libération fait part de rumeurs infondées auxquelles elle ne veut pas donner suite. En visite à Paris, le président irakien Ghazi Al Yaouar a estimé jeudi dernier que Florence Aubenas avait été victime d'un enlèvement, une hypothèse que les autorités françaises refusent de confirmer depuis la disparition de la journaliste de Libération le 5 janvier à Baghdad. « J'ai exprimé la tristesse du gouvernement et du peuple irakiens pour l'enlèvement de cette journaliste innocente. Cela est en fait une autre manifestation du terrorisme aveugle qui ne fait aucune distinction entre les êtres humains, les religions, le sexe ou la nationalité », a déclaré le chef de l'Etat irakien à l'issue d'un entretien et d'un déjeuner de travail avec Jacques Chirac à l'Elysée. Et de rappeler que son gouvernement fait tout son possible pour la libération de Florence Aubenas.