Classe politique, médias et opinion publique français s'accordent à louer la mobilisation des musulmans de France pour la libération des journalistes retenus en otages depuis treize jours, tandis que le Conseil français du culte musulman (CFCM) a dépêché une délégation à Baghdad. Jamais les Français d'origine musulmane ne se seront autant impliqués pour un problème français, à la surprise générale, forçant respect et considération. Du plus haut niveau de l'Etat à tous les échelons, les déclarations sont unanimes : la France dans toutes ses composantes ethniques, sociales et religieuses refuse le chantage et demande la libération de ses compatriotes. Qu'en est-il des musulmans de France ? Ils ont montré et l'ont fait de manière éloquente qu'ils sont partie intégrante de la communauté nationale française. Ils ont dit avec vigueur et détermination que la laïcité, fondement de l'Etat français, loin d'opprimer une communauté qu'elle quelle soit, garantit la liberté de culte. La loi sur la laïcité est une opportunité pour les musulmans de France d'exister par eux-mêmes, de définir leur identité propre, à la fois républicaine et musulmane. C'est le sens du message qu'ils ont adressé aux ravisseurs des otages et à tous les tenants de l'intégrisme et de l'obscurantisme. Alors qu'il n'y a pas longtemps d'éminents spécialistes et connaisseurs dissertaient encore sur l'intégrabilité des musulmans et de l'Islam dans la société française, ces mêmes musulmans viennent de leur adresser un cinglant démenti en montrant que dans leur écrasante majorité ils ont parfaitement intégré les valeurs de la République, que leur pratique religieuse est paisible et pacifique. Le CFCM, qui s'était illustré dans un passé récent par des dissensions, d'abord sur la représentation et la représentativité des obédiences religieuses en son sein, puis sur le débat sur la laïcité et la loi sur l'interdiction du port de signes religieux ostensibles à l'école, fait bloc autour de son président, le recteur de la Mosquée de Paris, et monte aux premières lignes pour la libération des otages. L'UOIF, une des composantes du CFCM, qui appelait tout récemment encore les filles voilées à ne pas retirer leur voile à l'école, affirme que l'heure est à la cohésion nationale, alors que son secrétaire général est un des trois membres de la délégation du CFCM qui s'est rendue à Baghdad. Le CFCM semble sortir renforcé de cette douloureuse épreuve de prise d'otages. «Il en sort grandi quand il est uni et cohérent», affirme son président dans nos colonnes.