Ils étaient trois artistes chez qui s'exprimait parfaitement et harmonieusement la diversité culturelle de la wilaya. La chanteuse Fetta Tacennayt, son répertoire qui s'inspire du folklore algérien, Meziène lzoran, le chanteur kabyle qui écrit en partie les paroles de ses chansons, et le maître de la chanson chaouie, Catcho. Animant avant-hier un concert à la salle Errich, ils avaient apporté chacun cette note artistique caractéristique de la conception que chacun a de l'art, auquel il s'adonne avec talent et amour. Le public conquis littéralement par cette diversité, puisque les trois artistes chantaient en kabyle, en chaoui-arabe et en français, avait donné libre cours à sa joie en les ovationnant fortement. La soirée débutait à 17h avec la chanteuse Fella, avec des chansons de fêtes, El Henna. C'était des chansons qui mettaient de l'entrain dans la salle. Mais le clou de la soirée, ce fut lorsque Izoran lui succéda sur le plateau. Izoran, en kabyle veut dire racines. Et l'artiste Mustapha Meziène qui a présenté ce soir-là un riche programme, prétendait nous renvoyer à nos origines où si l'on préfère à nos racines. En vertue du droit qu'a tout artiste d'éclairer, d'instruire et de guider les masses. Pourtant, Izoran reste essentiellement sensible aux thèmes chers à nos cœurs, en adoptant le registre sentimental. Comme celles qu'il interpréta, qui firent vibrer la fibre la plus sensible de notre être : le cœur en ce qu'il a de plus noble et de plus tendre. Ansi Dekigh, Tesver Tetsrou, firent chavirer le cœur de la salle fortement émue. Mais, celles qui mirent le feu aux quatre coins de la salle, c'était celles qui, sur un rythme plus endiablé, entraînaient les cœurs et les esprits vers un tourbillon d'émotion et de plaisir jamais encore ressentis. Des jeunes se mirent à danser et des applaudissements à fuser de toute part. Dharkas, Zwits Rwits, J'ai quitté mon village, Quand je vois tes yeux. Ce fut un moment de pure félicité pour tout le monde. En effet, enfants, adolescents, hommes et femmes, se laissaient transporter vers des hauteurs inimaginables. De son côté, le chanteur chaoui, qui se définit comme l'héritier du grand maître du patrimoine de la chanson chaouie, en l'occurrence Aïssa El Djarmouni, a puisé dans le répertoire classique, même s'il a introduit un zeste de modernisme dans ses chansons pour rompre avec le rythme un peu lent qui caractérise la chanson chaouie. Réponds-moi, Tes nouvelles ne me sont pas parvenues et Pourquoi, pourquoi, ont eu auprès du public bouiri un retentissement d'autant plus grand que Catcho, autrement dit Ali Nasri, est une figure connue à Bouira, comme partout ailleurs. D'ailleurs, le retard, habilement calculé accusé par la star adulée de la chanson chaouie, a donné lieu à des cris de la part de ses fans qui réclamaient leur idole. Sa prestation souleva, parmi les jeunes, qui se mirent à danser et à l'acclamer, autant d'enthousiasme que celle d' Izoran. Quoi qu'il en soit, en cette soirée, un peu froide, les trois chanteurs ont réussi la gageure de porter la salle à un point d'ébullition qui la fit défaillir