Le monde des arts a été frappé par la disparition, en moins d'une semaine, de trois artistes, un record mettant la culture algérienne en émoi. La scène artistique vient de perdre trois artistes en une semaine. La culture algérienne en deuil vient d'être éprouvée encore une fois. D'abord, par le décès d'un grand ténor de la peinture, Ali Ali-Khodja parti, dimanche, à l'âge de 87 ans des suites d'une longue maladie. Il était le digne descendant de la lignée des Racim, puisqu'il est le neveu de Omar Racim, spécialiste de l'enluminure et de la calligraphie et de Mohamed Racim, le maître de la miniature algérienne. Il était en effet élève à l'Ecole des beaux-arts chez son oncle maternel où il se nourrira de cet univers qui sera le sien durant plus d'un demi-siècle. Avec plusieurs expositions au compteur et des prix, il sera perçu durant des années comme l'homme qui a conçu de la plus belle manière l'affiche de la première édition du Festival culturel panafricain. Une affiche qui marquera son temps et les esprits. L'Algérie a perdu un grand homme de la famille artistique. En témoignera cette assemblée d' artistes, y compris la ministre de la Culture Khalida Toumi, qui étaient tous en pleurs, dimanche au Palais de la culture, venus lui rendre un ultime hommage. Il était, a souligné la ministre émue «un virtuose dans le maniement de la couleur créant de précieuses miniatures que de nombreux collectionneurs ont acquis en leur temps et qu'ils conservent encore précieusement». «Curieux» et «ouvert», «généreux» et «passionné» les qualificatifs n'ont pas tari pour honorer le nom de ce génie rénovateur de l'art de la miniature. Outre la peinture, le domaine musical a été sérieusement touché. Aussi, Khalida Toumi n'a pas manqué de souligner l'exemplarité du parcours du chanteur Abdelmalek lmensouran, «l'un des chantres de la chanson chaâbi», décédé lundi à l'âge de 55 ans. La disparition de cet artiste «nous attriste et nous afflige», a-t-elle avoué. Né à El Madania (Alger), il apprit, à l'âge de 10 ans, à chanter le genre «hindou» qui l'envoûtait comme tous les jeunes de son âge. Imensouran s'est distingué, par la suite, grâce à l'émission «Alhane wa chabab» et a connu le succès en 1983 avec les chansons Galou laareb galou et Qissat elghoulem ainsi que Qissat sidna Youcef qu'il a composée avec le poète Ahmed Berrar. Suivront plusieurs autres productions, toutes populaires jusqu'au jour où il devient lui-même éditeur. Enfin, mardi ce fut le tour de la chanteuse Nadia Kerbadj qui a beaucoup apporté à la chanson algérienne de tirer sa révérence mardi, à l'age de 72 ans. La défunte interpréta, au cours de sa carrière, des dizaines de chansons qui resteront dans les mémoires telles que Ya dellal et Ma hadrouche batel âlik ennas qui ont beaucoup apporté à la chanson algérienne authentique. Outre sa carrière artistique, Nadia Kerbadj, qui était d'origine syrienne, a également animé pendant longtemps des émissions éducatives et culturelles à la Radio nationale. La ministre de la Culture, a également présenté ses sincères condoléances à la famille de la défunte. Nadia Kerbadj a inhumée mardi au cimetière de Baïnem (Alger). «Dieu a voulu aujourd'hui rappeler auprès de lui une artiste de renom qui s'est distinguée en tant que chanteuse et actrice et qui avait à son actif un riche répertoire», a écrit Mme Toumi dans son message à la famille de la défunte. Connue pour sa grande sensibilité, Nadia Kerbadj n'a cessé de charmer son public avec ses interprétations magistrales et restera à jamais dans les coeurs, a-t-elle ajouté. Née au début des années quarante en Syrie, la défunte a évolué aux côtés de Saloua. Elles ont toutes deux connu la gloire dans l'interprétation de la chanson algérienne contemporaine vers la fin des années cinquante Elle a fait ses débuts vers la fin des années cinquante à Paris où elle a connu le compositeur algérien Missoum Amraoui. Après l'indépendance, elle s'installa en Algérie et épousa le compositeur syrien Tayssir Akla qui a marqué de son empreinte la chanson algérienne. Nadia Kerbadj n'a pas interprété grand nombre de chansons, ayant opté plutôt pour l'interprétation radiophonique, la réalisation et la présentation de programmes culturels à la Radio nationale. Entre autres chansons interprétées par la défunte figure Ma thayarhech du compositeur Ourad Boumediene. Que d'artistes qui ont marqué de leur empreinte le patrimoine culturel algérien et dont on ne se rappelle aujourd'hui le nom qu' une fois morts. Mais combien d'autres sont aujourd'hui oubliés et ignorés et disparaîtront bientôt dans l'indifférence la plus totale?