L'Algérie s'apprête à célébrer dans quelques jours le 50e anniversaire du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954. Une commission nationale de préparation des festivités a été mise sur pied à cet effet pour élaborer un programme qui se veut à la hauteur de l'événement et de la symbolique liée à la célébration de la première moitié du siècle dans la vie de la Révolution armée. Depuis son installation, cette commission travaille intra-muros dans la discrétion la plus totale, pour ne pas dire dans l'anonymat. La préparation des festivités se fait de manière technique et administrative. La dimension populaire qui a fait la grandeur de la révolution algérienne est complètement absente dans l'approche des organisateurs qui continuent à penser que la célébration des dates historiques est l'affaire exclusive des bureaucrates. L'épopée de Novembre 54 qui a inspiré de nombreuses révolutions dans le monde ne mérite-t-elle donc pas plus d'une journée, celle du premier novembre où sont traditionnellement programmées les festivités officielles marquant l'événement ? Une semaine nous sépare de la célébration officielle de cette date historique qui a changé le destin des Algériens et amorcé le début de la fin de la longue nuit coloniale, rien dans les rues et ruelles du pays, y compris au niveau de la capitale, ne laisse croire que le pays est à la veille de la célébration d'un événement majeur de son histoire. Alors que les événements nationaux dans certains pays étrangers sont dignement fêtés et sont l'occasion d'une véritable communion entre les citoyens et leur histoire, une fête nationale qui s'étale sur plusieurs jours avec son côté cérémonial et ses débats croisés et souvent polémiques sur des faits d'histoire, chez nous la célébration des dates historiques est devenue un simple rituel qui confine à la banalité, dépouillé de toute sa charge émotionnelle et révolutionnaire qui faisait vibrer les premières années de l'indépendance les Algériens de tout âge. Même ceux qui n'ont pas connu la Révolution étaient suffisamment imprégnés de cette ferveur pour avoir baigné dans une culture révolutionnaire qui leur a fait connaître et aimer la glorieuse Révolution de Novembre, sacraliser ses martyrs et ses héros connus ou anonymes. Cinquante ans après, que reste-t-il de cette culture «novembriste» ? Peu de choses pour que la mémoire des martyrs et le sacrifice des moudjahidine qui ont permis à l'Algérie de recouvrer sa liberté et son indépendance en soient dignement honorés.