Tout au long du discours qu'il a prononcé devant les imams et les cadres de son secteur dans la wilaya de Constantine, où il était en visite hier, le ministre des Affaires religieuses a, pendant un long moment, entretenu le suspense sur les véritables motivations de sa visite et de sa tournée dans l'est du pays. Implicitement pourtant, les propos du ministre faisaient, à chaque fois, allusion aux prochaines élections. Usant au préalable de versets coraniques, de citations de l'imam Ben Badis et d'autres exemples sur le rôle de la mosquée dans la société, non sans signaler au passage que l'Islam est la religion de l'Etat et que la citoyenneté passe par le respect de celle-ci, il finira par préciser ses propos en donnant directement instruction aux imams et aux « mourchidine » de la wilaya d'« inciter les citoyens à participer à la prochaine élection présidentielle ». Continuant sur sa lancée, le ministre indiquera que « l'imam doit orienter, conseiller et inciter les citoyens à accomplir leur devoir de citoyen ». Le ministre des Affaires religieuses, qui avait interdit formellement toute implication des mosquées dans les affaires politiques et/ou partisanes par le biais d'une circulaire récente adressée à toutes les directions de wilaya de son secteur, déclare que l'appel à la participation aux élections entre dans le cadre des missions et prérogatives de la mosquée et, de ce fait, n'est pas en contradiction avec ladite circulaire. Nous apprendrons enfin que seules 36% des mosquées comptent la présence d'un imam et que le terrorisme a, durant la décennie noire, coûté la vie à 96 imams dont les familles et ayants droit bénéficient aujourd'hui d'une pension allouée par le ministère des Affaires religieuses.