On ne songe pas à «archiver» ce genre de lectures de presse lorsqu'on n'est qu'un microscopique militant d'un minuscule Mouvement culturel berbère, fondamentalement démocratique et non violent, surtout dans un pays entré dans l'antichambre d'une période d'étripement. Mais on peut se rendre à l'évidence, aujourd'hui, que les missiles étaient et sont partout et que ceux qui nous étaient destinés à l'époque étaient d'un format beaucoup plus réduit de telle sorte qu'ils pouvaient être portés par des cadavres ou revêtir la forme d'ascaris à tête chercheuse de poignards, aimantée, etc. Le souvenir de cet article entraîne une boutade très actuelle : «Faites l'amour, pas la guerre.» Boutade, dans le sens où le «premier guerrier» du monde, un peu comme il arrive encore que l'on dise premier magistrat d'un pays, a sûrement entendu la musique puisque, dit-on, il s'agirait d'un monsieur qui ne se distrait jamais de ses moments de prière. Pour ne pas faire la guerre, il suffit de ne jamais se disputer quelque chose ou au sujet de ce quelque chose en question. Pour ne pas se disputer, il suffit de ne pas être trop de bouches à la réclamer ou à en disserter à la fois. Là où il y en a trop, une petite guerre préventive, même si elle n'est pas conventionnelle ni proportionnelle, risque d'être la seule solution pour éviter la guerre non préventive même si elle est conventionnée, subventionnée ou tout ce qu'on veut. C'est pour cela que «Faites l'amour, pas la guerre» pourrait signifier tout simplement : «Faites l'amour et taisez-vous : ne réveillez pas les voisins avec les cris de bébés qu'il ne faut pas faire.» Dans cette perspective et comme dans un cadre de dialogue très fructueux de sourdes religions, «le terrorisme routier», thème cher aux autorités d'Alger, n'entraîne pas la moindre trace traîtresse d'une émotion de solidarité «antiterroriste mondiale». Le «terrorisme routier» n'inspire même pas une réduction du nombre d'automobiles en circulation par jour. Mais le «terrorisme routier» inspire aux autorités d'Alger de délicieux projets d'autoroute Est-Ouest et dans tous les sens ainsi que, aux investisseurs directs étrangers (IDE), leur réalisation. Toujours dans cette perspective et comme dans le cadre précité, notre ministre des Affaires religieuses ne s'affaire pas à mobiliser ses muphtis, ses imams et ses mourchidate pour tenter de ramener ses ouailles concitoyen(ne)s à l'espérance (de vie) et freiner le phénomène de socialisation du suicide en marche. Ç'aurait été de la négligence ou de l'inhibition sauf que, très paradoxalement, il affecte de s'effarer de quelques «noyades» dans un verre d'eau de baptême colorée aux ombres de Charybde et de Scylla qui ne donne du vertige qu'à ceux qui y regardent intensément dans leur quête désespérée d'une foi qui, toute et pour le monde entier, se réincarne dans l'unique religion désormais : la survie quel qu'en soit le rite mahométan, chrétien, mosaïque, païen ou autres. Contractée de manière inconsciente, cette nouvelle foi entraîne ses nouveaux contractants à y voir une affaire personnelle de survie individuelle plutôt qu'un idéal, voire un positionnement physionomique aussi bien perturbant leur entourage coutumier qu'annonciateur de dangers de dispute, celle-ci pouvant un jour se déclencher tant au sujet d'espaces que de saints à qui se vouer. Elle les entraîne en outre à s'installer dès le premier abord dans le faux témoignage par défaut, puisqu'ils ne prétendent pas être ses adeptes mais surtout parce qu'ils ne savent même pas qu'elle existe, elle, cette foi en la survie, qui pourtant les anime. L'enfer est pavé de ce qu'il peut, mais aussi de naïveté et d'ignorance ! L'attitude de notre ministre aurait été, par ailleurs, prise pour induite par l'affolement s'il n'avait agité le spectre inconstitutionnel de nouveaux pasdarans, alors que notre révolution n'a jamais bénéficié de gardiens attentionnés et attitrés ni même d'un cinquantenaire officiel tellement grandiose qu'on l'attend toujours. On s'accroche en effet à un mirage de célébration officielle s'étalant sur une année… presque autant que pour l'Année de l'Algérie en France, avec toutefois un contenu qui ne soit, qui ne doit être ni réciproque ni similaire mais au moins équivalent, digne et fier en prime. De Chine en Algérie Il faut faire l'amour, pas la guerre. Donc pas d'enfants. Donc pas de stabilité ni de certitude ancrée. Car les certitudes conduiraient à la guerre, la plus proche psychologiquement étant celle dont notre cousin diadémique de l'Ouest fait un atout de manche. Le cinquantenaire (en personne) ne réussit – mais avec quelle vigueur, insistance et forte incitation – à se remettre de plus belle à ce qu'il personnifie, qu'à rappeler le dernier épisode du conte amazigh très connu de Tafunast nigujilen. Dès lors, on ne s'étonnera pas de voir les maçons nationaux traités de bras cassés et de fainéants, de faire appel à tous les maçons de Chine comme pour paraphraser dans l'action le Prophète Mahomet, que celui-ci soit salué au passage, puis de se débrouiller afin que ces mêmes maçons semblent venir de Chine jusqu'en Algérie rien que pour revendiquer leurs salaires impayés. C'est que le logement et la natalité vont de pair et que nous en avons à en apprendre, de la Chine, en matière d'amour «pacifique», en tout cas pas-si-prolifique. Tant pis pour eux s'ils se mettent à apprendre de nous le b.a.-ba du «faqisme», l'autre idéologie populaire laissée-pour-compte, tirée de l'imbernable maître mot : «faqou !». Si la survie prime toute autre croyance, alors on comprend mieux que l'industrie des OGM soit promue dans un pays réputé puritain, conservateur et sûr que «God bless America», surtout avant le 11 septembre. Pragmatisme primant, les OGM peuvent constituer une source d'approvisionnement «non négligeable» au cas où le monde sombrerait dans la guerre de transition universelle, avant que l'humanité tout entière ne réalise que l'amour ne doit pas être un alibi pour préparer la guerre et ne réalise qui aura survécu au déluge… de la foutaise, de la finance et de la force de frappe. En ce qui nous concerne, la croyance en la Survie, en tant que plus précieuse ressource, est une donnée tellement ancienne que, naguère encore, nos aînés et parents ont engagé toute leur énergie pour que «vive l'Algérie» et ont pu, collectivement, survivre à travers elle. Pour le néophyte, le rituel suivi a été celui de la révolution et elle a été et est toujours tellement performante qu'elle n'a jamais cessé de voir venir des gens, qui ont pu réaliser sa mise en œuvre 5, 7, 10, 20 ou 50 ans après, y adhérer. Cinquante ans après, le nombre de ses ennemis les plus têtus pourrait être écrasément moins que celui des titulaires de fausse carte de moudjahid (a) et qu'il s'en faut de peu pour que ces derniers s'en défassent d'eux-mêmes pour rejoindre le camp des sincères et des désintéressés qui se satisfont de la reconnaissance des leurs du rôle qu'ils ont eu à honorer pendant la guerre et après, sans chercher à mettre la main sur le moindre document, aussi fiable soit-il. Ce ne serait pas une si mauvaise idée de voir de quoi ça tourne exactement que ça ! C'est que, très mine de rien, la révolution continue plus que jamais de travailler les masses dans la bonhomie des temps civils, civiques et indépendants. C'est que la révolution pour la survie ne peut être qu'indissociable ni de l'histoire et de l'identité nationales, qu'il convient de mettre à jour et de parachever, ni des cultures populaires qu'il faut dynamiser et enrichir par l'apport de chacun selon son terroir et ses compétences, de manière parfaitement démocratique, plurielle et, pourquoi pas, fougueuse, ni de notre avenir commun pour lequel, entre autres, les opportunistes invétérés devraient céder les appareils aux politiques et aux gestionnaires et développer leur sens de l'opportunisme à meilleur escient. C'est d'ailleurs la croyance en la survie, en tant que plus précieuse ressource, et en la révolution en tant que legs honorable, mais à honorer et en tant que moyen et voie de salut, qui fait que nous poussons de toute notre force et que nous devons continuer à le faire, de nouveaux souffles, des souffles frais, sur les paroles ailées (car fondamentalement orales) de nos ancêtres, que ces paroles soient arabophones ou amazighophones, et sur les caractères de tifinagh comme naguère encore nos aînés et parents ont engagé toute leur énergie pour survivre à travers la survie de l'Algérie. Survivants de tous les pays, aimez-vous les uns les autres ou alors unissez-vous.