Ainsi, il dressera une chronologie de manifestations de soldats et de populations et des différentes et nombreuses promulgations de décrets autorisant les rappels et maintiens sous les drapeaux. Par exemple, de septembre à novembre 1955, de nombreuses manifestations de militaires et de populations ont eu lieu dans plusieurs endroits en France, notamment celle de la Gare de Lyon le 11 septembre, où 600 rappelés avaient manifesté, ou encore à Rouen au mois d'octobre de cette même année. De véritables émeutes contre la promulgation de nouveaux décrets de rappel et maintien sous les drapeaux concernant plus de 120 000 personnes ont eu lieu à Grenoble au mois de mai 1956. Il parlera, avec plus de détails, de la désertion d'Henri Maillot et de Alban Liechti, ce «jardinier militant du Parti communiste, appelé sous les drapeaux en mars 1956, qui était l'instigateur d'une pétition plaidant en faveur du cessez-le-feu en Algérie, et adressée à Guy Mollet ; pétition signée par trente soldats du 5e régiment du Génie». Il écrira une lettre au président de la République signifiant son refus de «prendre les armes contre le peuple algérien en lutte pour son indépendance». Il sera condamné à deux ans de prison par le tribunal militaire d'Alger. «Ce n'est qu'au mois de mars 1957 que le Parti communiste soutient son militant», dira-t-il. Quant à Lakhdar Medbouh, enseignant à l'université de Constantine, il a traité des répercussions de la Révolution algérienne dans la pensée politique de Raymond Aron. Ce philosophe et sociologue français est l'auteur de plusieurs ouvrages portant sur l'évolution des sociétés industrielles modernes. Il est aussi le «réfutateur» de mythes, dont on peut citer celui (le mythe) de l'Algérie française. Il a écrit plusieurs articles et ouvrages pour le réfuter. Parmi ces ouvrages, citons La Tragédie algérienne, L'Algérie et la République, Démocratie et Totalitarisme, qui plaident pour l'indépendance de l'Algérie dans le cadre d'une coopération négociée qui garantira les intérêts des deux pays souverains et indépendants. Il considérait son attitude vis-à-vis de la Révolution algérienne et sa juste cause comme le devoir d'un républicain imprégné des idéaux de la Révolution française et du discours émancipateur des Lumières, tel qu'il est formulé par Montesquieu : «Etre vrai partout, même sur sa patrie. Tout citoyen est obligé de mourir pour sa patrie ; personne n'est obligé de mentir pour elle.»