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L'information au cours de la lutte de libération
Publié dans El Watan le 02 - 12 - 2004

«Multiplier les centres de propagandes avec machines à écrire, papier ronéo (reproduction de documents nationaux et édition de bulletin brochure sur la révolution et bulletin intérieur pour directives et conseils aux cadres.»
«Bien se pénétrer de ce principe : la propagande n'es t pas l'agitation qui se caractérise par la violence verbale, souvent stérile et sans lendemain.»
En ce moment où le peuple algérien est mûr pour l'action armée positive et féconde, le langage du FLN doit traduire sa maturité en prenant la forme sérieuse, mesurée et nuancée sans manquer pour cela de la fermeté, de la franchise et de la flamme révolutionnaire.
«Chaque tract, déclaration, interview ou proclamation du FLN a aujourd'hui une résonance internationale. C'est pourquoi, nous devons agir avec un réel esprit de responsabilité qui fasse honneur au prestige mondial en Algérie en marche vers la liberté et l'indépendance…»
Pour lutter contre le silence de l'ennemi sur la lutte du peuple algérien et pour limiter les effets de l'intoxication et de la propagande adverse, conférences de presse, tracts, brochures, déclarations, livres, émissions radiophoniques, films et documentaires vont foisonner avec un caractère offensif.
El Moudjahid, et la Voie de l'Algérie libre seront les pivots de cette action d'information et de propagande.
Cette action avait déjà connu un début d'exécution avec le Patriote publication du CRUA.
En 1954, «la Proclamation du 1er Novembre 1954», les différents tracts et appels et particulièrement celui d'avril 1955 de Abane Ramdane et adressé «au peuple algérien» et la publication également de «Résistance algérienne» fondée en octobre 1955 dont l'édition A est imprimée à Paris, l'édition B au Maroc et l'édition C en Tunisie.
El Moudjahid ? Le Combattant ?
Début juin 1956, plusieurs réunions sont consacrées aux questions de propagande, Saâd Dahlab et Benyoussef Benkhedda ont été chargés d'un rapport de synthèse à ce sujet. S'ils font état de bonne tenue de «Résistance algérienne», ils soulignent que ce journal ne sort pas assez souvent et ils suggèrent l'édition d'un hebdomadaire important et régulier.
Reste à trouver un titre
– «Pourquoi pas l'Algérien», aurait suggéré Larbi Ben M'hidi !
On indiquerait ainsi que tout Algérien est virtuellement au moins un FLN, ce serait politique.
– «Politique peut-être, mais pas journalistique», rétorque Saâd Dahlab, et en ce moment c'est du journalisme que nous faisons. J'ai dirigé pendant des années le journal du MTLD L'Algérie libre et je puis vous dire que nous avons vendu de nombreux numéros de ce titre.
– «Pourquoi pas El Moudjahid ? suggère Benyoussef Benkhedda.
Abane Ramdane objecte : «El Moudjahid dégage une idée de djihad, de guerre sainte, il faut en tenir compte.»
Peut-être, aurait rétroqué Ben M'hidi, mais
El Moudjahid a une grande résonance.
Après une longue discussion, c'est le second titre qui a été choisi et le journal portera en tête de sa couverture la mention Organe du Front de libération nationale et le slogan «La Révolution par le peuple et pour le peuple.»
Abane Ramdane finit par accepter que le titre El Moudjahid se substitue au titre Le Combattant, mais que celui-ci figure en sous-titre.
C'est lui Abane qui va taper sur stencils, aidé pour cela par son épouse, les 36 feuillets qui seront tirés pour une partie dans la scierie de Mostefa Benouniche, rue Mazella à Kouba, banlieue d'Alger et au presbytère de l'abbé Declair pour certains et l'abbé Bertal pour d'autres, près de l'église Notre-Dame des Victoires à La Casbah d'Alger. Une édition sera tirée à Oran.
Saâd Dahlab nous avait précisé qu' El Moudjahid avait été monéotypé par lui, en compagnie d'El Hachemi Hamoud et de Nassima Hellal dans une échoppe de torréfaction à Kouba.
Le premier des neuf textes, non signés, en l'occurrence l'éditorial a été écrit par Abane Ramdane, assisté par Benyoussef Benkhedda, qui lui donnera le titre «Bulletin de naissance»(1).
Juin 1956, verra la parution du premier numéro dont la direction a été confiée à Abdelmalek Temmam sous la tutelle du premier Comité de coordination et d'exécution (CCE) issu du Congrès de La Soummam en août 1956 et dont les membres formeront le premier comité de rédaction. On peut considérer Abane Ramdane, Krim Belkacem, Benyoussef Benkhedda, Larbi Ben M'hidi et Saâd Dahlab ainsi que Abdelmalek Temmam comme les premiers journalistes de la guerre de Libération. Larbi Ben M'hidi en sera, avec Saâd Dahlab, le premier correspondant de guerre. Saâd Dahlab publiera son reportage Je reviens du maquis dans Résistance algérienne édité au Maroc (*).
Six numéros d'El Moudjahid paraîtront dans le territoire national en langue nationale et en langue française. Le numéro sept en préparation ne verra pas le jour. Il réapparaîtra à partir du numéro huit à Tétouan au Maroc et à partir du numéro onze, il sera publié à Tunis. En août 1957, Ferhat Abbas sera chargé dans le 2e CEE de la propagande et de l'information, Saâd Dahlab, son adjoint, sera en fait l'âme et le moteur de ce département. El Moudjahid deviendra à partir du 5 août 1957, le porte-parole du FLN et le seul organe de la Révolution algérienne. Le 1er septembre 1958, lors de la formation du premier Gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA), M'hamed Yazid sera chargé de l'information, charge qu'il assumera jusqu'à l'indépendance. Il sera secondé dans le premier GPRA par Saâd Dahlab. Tout est mis en œuvre par les services psychologiques de l'armée française pour «psychologiser» le peuple algérien. Le FLN et l'ALN vont riposter vivement par l'édition de brochures, d'affiches, d'appels, d'articles, par la tenue de conférences, de débats, par des émissions radiphoniques à partir du Caire, de Tunis, de Tanger et par la production de documentaires et de films. Les voix de Aïssa Messaoudi, Brahim Ghaffa, Abdelkader Benkaci, Hadj Hamou, Nafaâ Rebbani, les images de Djamel Tchanderli et René Vautier feront le tour du monde. L'Eugema, l'UGTA, l'Ugca, le CR… vont participer à cette riposte par la publication de journaux, de revues, de brochures, tels l'Ouvrier algérien, l'Iqtiçad El Djazaïri. La troupe théâtrale et folklorique, l'équipe de football du FLN vont également participer à cet effort de communication et de propagande dans leurs domaines respectifs : El Moudjahid publiera à partir de ses articles un certain nombre de brochures La République algérienne et la Libération de l'Afrique, l'Afrique se libère, l'Afrique en marche vers l'Unité (janvier 1960) le Napalm en Algérie (août 1960) Les camps de regroupements (octobre 1960), Les Wilayas d'Algérie (novembre 1960), L'Algérie saharienne (août 1961). Free Algeria sera publiée régulièrement en langue anglaise à New York sous la responsabilité du représentant de l'Algérie à l'ONU, Abdelkader Tchanderli. Les services ennemis vont tout faire pour contrecarrer cette action d'information et de communication tous azimuts d'un peuple en lutte pour son indépendance. Ils vont éditer les brochures, faire des films à la gloire de la colonisation, des SAS. Ils iront jusqu'à pirater La voix de l'Algérie libre. Le Bureau d'études et de liaisons (BEL) du général Jacquin procédera à la falsification de plusieurs numéros d'El Moudjahid que dirigeait alors Rédha Malek. Le numéro 63 du 25 avril 1960 qui dénonçait les procédés et les agissements des services français sera falsifié ainsi que son éditorial. L'éclair revue du Ministère de l'Armement et des Liaisons générales (MALG) du GPRA dans son numéro 4 de février 1961 dénonçait ces agissements.
L'information jusqu'à l'indépendance va, comme le déclare la proclamation du 1er novembre 1954 «participer… en vue de faire du problème algérien une réalité pour le monde entier». El Moudjahid (hebdo) organe du Front de libération nationale a été dirigé, de juillet 1957 à septembre 1962, par Rédha Malek puis par Belkacem Benyahia jusqu'en décembre 1963, puis par Mourad Bourboune jusqu'à sa disparition le 31 août 1964.
Ech Chaâb
Le 19 septembre 1962 paraîtra en langue française le premier quotidien de l'indépendance : Ech Chaab qui deviendra le 21 mars 1963 Le Peuple, puis El Moudjahid le 22 juin 1965, le journal n'a fait que changer de titre.
Cette information qui a été réellement à la hauteur du combat libérateur du peuple sera, hélas au lendemain de l'indépendance, jugulée, muselée… notamment par Ahmed Ben Bella qui, ironie du sort, déclarait qu'il fallait «tout dire, tout expliquer, tout commenter».
La presse n'allait donc plus refléter les aspirations d'un peuple en temps de paix. Elle était confisquée et détournée de ses missions d'information, d'émancipation, d'éducation malgré quelques tentatives furtives de liberté.
Aujourd'hui encore, même avec le foisonnement de la presse écrite, la liberté d'information est aléatoire parce que les sources d'information sont verrouillées et le peuple continue à vivre dans l'ignorance de tout ce qui touche à son devenir.
D'un peuple majeur, on en a fait un peuple mineur.
Dans cinq, dix ou même trente ans et plus, le peuple finira par faire, après sa guerre de libération, sa révolution sociale.
(1) Historia février 1972. A quelques détails près, cette version m'a été confirmée par Saâd Dahlab.


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