Tout laisse penser que le monde occidental est en train de revoir sa position à l'égard de l'Iran pour en faire cette fois un allié. Il est vrai que les Etats-Unis sont en train d'envisager une nouvelle stratégie, principalement en Asie, avec leurs deux guerres en Irak et en Afghanistan. Si pour la première, la réflexion est au désengagement, laissant la situation aux forces irakiennes, en ce qui concerne le second conflit dont le nouveau président américain a fait une priorité, il est question d'une nouvelle stratégie. Et de ce point de vue, et sans qu'elle prenne de l'avance, l'Alliance atlantique semble en train de déblayer le terrain, justement pour cette stratégie. En effet, les pays de l'Otan discutent de la manière d'impliquer les voisins de l'Afghanistan, dont l'Iran, pour une approche régionale du problème afghan, a annoncé, jeudi, le porte-parole de l'alliance atlantique. « Il y a des discussions entre les capitales sur une approche plus régionale de la question afghane, y compris d'une manière qui n'exclut pas l'Iran », a déclaré James Appathurai à la presse, au premier jour d'une réunion des ministres de la Défense de l'Otan à Cracovie (sud de la Pologne), réunion largement consacrée à l'Afghanistan. « Mais on n'en est pas encore à une décision sur ce point », a-t-il cependant précisé, en réponse à une question de la presse. « Nous avons besoin d'une approche régionale. Le secrétaire général (de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, ndlr) le dit et il n'est pas le seul », a souligné M. Appathurai. « L'extrémisme, le terrorisme, et la drogue sont des problèmes régionaux qui ont besoin de solutions régionales », a-t-il noté. « L'Iran, avec plus d'un million de drogués, en est victime comme n'importe quel autre pays », a ajouté le porte-parole. La situation dans cette région du monde est réellement préoccupante, au point, par ailleurs, que le président américain, Barack Obama, n'excluait pas lui aussi une solution négociée, ce qu'il avait même engagé, à titre exploratoire, avant même son élection, le 4 novembre dernier, puisque le gouvernement afghan avait noué des contacts avec les talibans par l'intermédiaire de l'Arabie saoudite. Cela n'a jamais été loin, et il fallait attendre la position de celui qui allait succéder au président George W. Bush. Quant à l'Iran, elle déclare qu'elle étudie la possibilité de discussions en « face à face » avec les Américains mais attend d'abord de voir des changements concrets dans la politique américaine. C'est ce qu'a fait savoir son ministre des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, en visite en Azerbaïdjan. « Nous examinons cette proposition. Ce serait bien si la politique américaine change non seulement dans les paroles mais aussi dans les faits », a déclaré M. Mottaki devant la presse. « Nous devons attendre de voir la différence entre la politique de Barack Obama et celle de (son prédécesseur) George Bush. Si les Etats-Unis font un pas envers l'Iran, l'Iran fera aussi un pas », a-t-il ajouté. Interrogé sur les changements souhaités par l'Iran, le ministre a répondu : « Ils (les) connaissent bien. » Mahmoud Ahmadinejad a déclaré le 10 février dernier que son pays était prêt à dialoguer avec les Etats-Unis mais dans l'égalité et le respect mutuel. Le nouveau président américain, Barack Obama, a émis l'espoir, la semaine dernière, de créer « dans les prochains mois » des « ouvertures » entre les Etats-Unis et l'Iran qui permettront « de s'asseoir à une table, face à face ». Les deux pays, qui n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1980, s'opposent sur plusieurs dossiers, dont le programme nucléaire iranien, officiellement civil, mais que les Occidentaux soupçonnent de masquer des ambitions militaires. En ce sens, on se plaît à rappeler le message de félicitations que le chef de l'Etat iranien avait adressé à Barack Obama lors de son élection, le premier depuis trente ans. C'est l'un des signaux propres à la diplomatie, du moins celle qui semble visible et que les analystes tentent de décrypter. ` L'exercice pourrait, dans le cas des relations entre l'Iran et les Etats-Unis, être fastidieux sauf, bien entendu, à connaître cette nouvelle stratégie américaine dans le détail. Le vice-président, Joe Biden, en a présenté les grands traits il y a quinze jours lors de la conférence sur la sécurité de Munich, apparaissant comme une mise à plat, et une remise en cause de ce qui a été fait par les précédentes administrations. Réparer les erreurs en quelque sorte pour instaurer de nouveaux rapports.