Mohamed Chérif Abbas, ministre des Moudjahidine, a refusé « toute éventualité d'enterrer les dépouilles » de harkis en Algérie lors de son point de presse organisé avant-hier au siège de son département ministériel. Pratiquement au même moment, mais à Djenane El Mithaq, Michel Barnier, ministre français des Affaires étrangères, évoquait « la possibilité d'autoriser les harkis à voyager en Algérie ». Le timing de ces déclarations donne à penser que ce dossier fait l'objet d'un « traitement particulier » de la part des autorités des deux pays. Il s'inscrit inévitablement dans le registre de l'assainissement des questions par Alger et Paris. Cela à un moment où tout est fait pour consolider des relations jugées privilégiées entre les deux capitales. Lors de son passage sur France 2, à l'occasion de sa visite à Paris en juin 2001, le président Bouteflika avait bien assimilé les harkis aux collaborateurs de Vichy. Or, au journal Le Parisien, il lancera : « Je suis convaincu que le temps finira par faire son œuvre en guérissant définitivement les blessures. » `Cela en prenant le soin auparavant de lâcher que Chirac « comprend parfaitement mon droit de n'avoir aucune sympathie pour ceux qui ont donné Jean Moulin et Larbi Ben M'hidi ». Et plus loin : « Nous ne pouvons forcément que nous exprimer par référence à des approches et des contextes différents tant sur le plan de l'appréhension de l'histoire que des données psychologiques et politiques actuelles de nos pays. » Il est utile de signaler qu'au lendemain de l'inauguration du mémorial des combattants de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie, intervenue le 5 décembre 2003, Libération avait écrit que « pourraient surgir (de l'écran électronique), sans compter, les réclamations de familles, notamment de supplétifs harkis, s'estimant oubliées ».