Quatre accords de coopération ont été conclus. Les relations algéro-françaises sont passées à la vitesse de croisière. C'est la première fois depuis l'indépendance du pays que les sujets qui fâchent sont abordés par les officiels des deux pays. Les dossiers du Sahara occidental, des harkis et de la liberté de la presse ont été, en effet, passés en revue par les ministres des Affaires étrangères algérien et français. Lors d'une conférence de presse qu'ils ont animée, hier à Djenane El Mithak, Michel Barnier et Abdelaziz Belkhadem ont, d'emblée, tenu à rendre compte des résultats de leurs discussions, qui s'étaient soldées par la signature de quatre accords de coopération, portant notamment, sur la création d'une école algérienne des affaires «qui délivrera des diplômes reconnus en Algérie et en France», deux accords de coopération scientifique et technique dans les domaines des ressources en eau et du risque sismique et un quatrième accord sur l'inventaire et la datation des peintures et gravures de l'art rupestre saharien. Des «actions concrètes» qui viennent traduire les orientations des deux chefs d'Etat, lors de la visite de Jacques Chirac en Algérie au mois de mars dernier. Tout en rappelant les neuf rencontres entre les deux chefs d'Etat depuis 1999 et les 15 visites ministérielles vers l'Algérie, Michel Barnier annonce les prochaines visites dans notre pays des ministres français de l'Intérieur, de l'Education et de la Culture. Barnier n'a pas omis de noter le retour de Nicolas Sarkozy, qui, rappelons-le avait arraché un important marché en faveur d'Alstom, la sauvant ainsi du naufrage. Côté algérien, indique M. Belkhadem, les ministres des Travaux publics, des Ressources en eau, de l'Energie, de la Santé, de l'Habitat et de la Justice se rendront dans les tout prochains jours en France pour examiner avec leurs homologues français les opportunités de coopération. Des visites croisées qui interviennent à la veille de la célébration par l'Algérie du cinquantième anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale. Par ailleurs, la visite, le 15 août prochain, de M.Abdelaziz Bouteflika en France pour assister aux festivités de commémoration, à Toulon, du 60e anniversaire du débarquement allié en Provence a été qualifiée par le chef de la diplomatie française de «geste qui va droit au coeur» et «une occasion de saluer la mémoire des soldats algériens qui sont morts lors de ce débarquement et de remercier les vétérans algériens qui ont participé à la libération du continent européen et de mon pays», déclare Michel Barnier. Ce dernier reprendra même une célèbre phrase du général de Gaulle, que les peuples algérien et français éprouvent l'un pour l'autre «un attrait particulier et élémentaire». Un autre dossier tabou et non des moindres à avoir été évoqué est celui des harkis. Un dossier, qui, selon M.Barnier, a été abordé par les délégations des deux pays. A la veille de la conclusion, au courant de l'année prochaine, du «traité d'amitié» et sous le couvert de la «refondation des relations algéro-françaises», la France veut à tout prix se débarrasser d'un dossier d'une extrême délicatesse. D'ailleurs, M.Barnier s'est dit «satisfait de la façon dont cette question est prise en charge, afin de faciliter le retour des harkis en Algérie». Enfin, la liberté de la presse en Algérie n'a pas été en reste de la conférence de presse d'hier. Invité à s'exprimer sur l'emprisonnement de journalistes algériens, Barnier rétorque : «Je connais encore mal votre pays. J'ai compris que la presse y était ici très diverse et libre, aussi bien en langue arabe que française. C'est important pour l'image de l'Algérie.» Une réponse aussi subtile que...diplomatique. La qualité des relations entre Alger et Paris sont donc en passe de se libérer peu à peu des tensions du passé, grâce au processus de refondation des relations fondées sur le respect mutuel et l'intérêt partagé.