La conclusion du traité d'amitié entre l'Algérie et la France, annoncée dans le prolongement de la Déclaration d'Alger, signée par les chefs d'Etat des deux pays en mars 2003, interviendra dans le courant de l'année 2005. C'est ce qu'a annoncé, hier, à Djenane El Mithaq le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier. Lors d'une conférence de presse animée conjointement avec son homologue algérien, Abdelaziz Belkhadem, M. Barnier, arrivé lundi à Alger pour une visite officielle de deux jours, a précisé que ce traité d'amitié inclura la coopération bilatérale, prendra en compte les dimensions euro-méditerranéennes des relations algéro-françaises et abordera des questions de sécurité et de défense. Il a ajouté que celui-ci s'élargira aussi au travail de mémoire mené depuis 1999 par les deux pays lors du « réchauffement » des relations algéro-françaises. Réchauffement, a-t-il dit, catalysé par l'amitié personnelle liant Jacques Chirac à Abdelaziz Bouteflika. Destiné à cicatriser les plaies de la guerre d'Algérie et renforcer la réconciliation entre les deux peuples, le point du traité portant sur « le travail de mémoire » devrait comporter une disposition autorisant les harkis à voyager en Algérie. A la question de savoir si les discussions entre les autorités françaises et algériennes ont inclus le dossier des harkis, M. Barnier a répondu par l'affirmative. Il a tenu, à l'occasion, à remercier son homologue algérien pour « les efforts déployés pour faciliter les rencontres et les retours des membres de cette communauté française ». Au nom du président Chirac, M. Barnier s'est dit « particulièrement touché » par le fait que le président Bouteflika « a bien voulu accepter de participer », le 15 août prochain, à la cérémonie du Débarquement, prévue dans le sud de la France. « Ce geste du Président algérien nous va droit au cœur. Cet événement sera l'occasion de saluer ensemble la mémoire des soldats algériens décédés lors de ce débarquement et de remercier les vétérans algériens qui ont participé à la libération du continent européen et de nos pays », a-t-il déclaré. Venu à Alger avec pour mission de « relancer la coopération algéro-française », Michel Barnier, paraphrasant le général de Gaulle, a indiqué que son pays porte « un attrait particulier et étendu » pour l'Algérie. « Le gouvernement français, comme le lui a demandé le président Chirac, est mobilisé pour nourrir les relations entre nos deux peuples », a-t-il dit. Rappelant la portée politique du récent déplacement, à Alger, de Chirac, le chef de la diplomatie française a indiqué que la visite en Algérie de Michelle Alliot-Marie, la ministre française de la Défense, et le retour de Nicolas Sarkozy « apporteront la preuve de l'intérêt porté par la France au développement de sa coopération avec l'Algérie ». Si les Algériens attendent les investissements directs français, certaines sources parlent déjà de la possibilité de la conclusion d'un accord de défense entre Paris et Alger en marge de la visite de Michelle Alliot-Marie. Le ballet diplomatique entre Alger et Paris ne devrait pas s'arrêter là puisque les ministres français de l'Intérieur et de l'Education sont également attendus à Alger durant le courant de l'année. De son côté, Abdelaziz Belkhadem a annoncé les visites en France des ministres algériens de l'Habitat, de l'Energie, des Travaux publics, des Ressources en eau, de la Santé et de la Justice. Michel Barnier a souligné la nécessité d'aller au-delà des mots et des discours pour traduire sur le terrain la bonne santé des relations algéro-françaises. Et à ceux qui doutent, actuellement, du caractère concret de ces relations, il a évoqué la signature, à l'occasion, de quatre accords. Le plus important d'entre eux porte sur la création d'une école algérienne des affaires, dont le diplôme sera reconnu dans les deux pays. Les autres accords permettront à l'Algérie de bénéficier de l'expérience de la France dans les domaines de la prévention des risques majeurs, de la recherche archéologique et de l'hydraulique. Les discussions entre les deux parties n'ont pas porté uniquement sur « des sujets présentant de grandes convergences de vue comme c'est le cas des dossiers de la Palestine et de l'Irak ou du règlement des autres conflits importants de la planète ». Si l'approche développée par M. Barnier sur l'intégration maghrébine, la démocratisation des pays d'Afrique et du monde arabe et du pluralisme médiatique peut donner matière à satisfaction à Alger, il n'en est pas de même pour la question du Sahara-Occidental. Le « dialogue direct entre Alger et Rabat » prôné par Paris pour régler le dossier sahraoui a déplu. Et Belkhadem ne s'est d'ailleurs pas gêné pour le dire. Dans le cas du non-règlement, à moyen terme, de la question, il est possible que les grincements de dents continueront à se faire entendre à Paris et à Alger, même après la signature très attendue de leur traité d'amitié.