Que représente ce voyage dans le nord de l'Algérie pour Témoignage chrétien ? Il est très important pour nous. Il se trouve que l'anniversaire des soixante ans de la création de TC (Témoignage chrétien, ndlr) et celui des cinquante ans de l'insurrection de 1954, en Algérie, coïncident à quelques mois près. TC s'est beaucoup distingué durant la guerre d'Algérie avec d'autres journaux, tels L'Humanité, L'Express ou France observateur, en prenant position contre la torture et contre l'inanité du système colonial. Des directeurs de presse ont été inquiétés et notre siège a même été plastiqué par l'OAS (Organisation de l'armée secrète). Cette période est restée très au cœur du journal, dans la mémoire des journalistes qui s'y sont succédé et dans celle de nos lecteurs. Avez-vous profité du réchauffement politique entre l'Algérie et la France… Cela tombe bien. Mais à l'origine, nous nous sommes dit que le plus beau cadeau que nous pouvions faire à nos lecteurs, et en même temps à l'Algérie, était d'organiser ce voyage. Et il a eu un grand succès. Nous avions prévu de faire venir un groupe de 200 personnes, du 17 au 24 avril prochain. Une semaine après avoir ouvert les inscriptions, il était plein. Nous avons donc prévu un second voyage du 22 au 29 mai. A mon avis, le réchauffement des relations entre nos dirigeants y participe. Mais il y a également l'immense nostalgie des Français, qui ne sont pas venus en Algérie depuis longtemps. Ce voyage est-il une façon de dire aux gens qu'il n'y a pas que le désert en Algérie, et qu'ils peuvent peut-être, aujourd'hui, revenir dans le nord du pays ? Nous ne le disons pas comme cela, mais c'est implicite. Cela participe d'une politique de voyage que nous développons depuis deux ans et qui vise à faciliter la rencontre entre les peuples. Nous avons déjà réalisé trois voyages en Israël et en Palestine, avec à chaque fois deux cent personnes, des chrétiens, des musulmans, des athées, à la rencontre de ceux qui encouragent le dialogue entre les deux peuples. Nous venons en Algérie avec la même démarche. Qui s'est inscrit à ce voyage ? Nous n'avons pas encore le détail, mais pour l'essentiel, il s'agit de lecteurs du journal. Nous avons également fait de la promotion sur les périodiques Le Monde diplomatique, Le Monde des religions et L'Humanité. C'est très ouvert, très divers. Je sais qu'il y a des frères ou des sœurs qui ont des confrères en Algérie. Certains ont des amis et n'y ont pas mis les pieds depuis des années… Avez-vous eu du mal à trouver une agence de voyage, pour organiser ce projet ? Non, pas du tout. Nous avons l'habitude de travailler avec Terre Entière. C'est avec elle que nous sommes allés en Israël et en Palestine. D'autres agences ont-elles déjà organisé des voyages dans le nord de l'Algérie, depuis la fin des années 1990 ? Je crois que nous sommes les premiers. Peut-être allons-nous donner des idées à d'autres ? Comment avez-vous choisi votre itinéraire ? L'idée était de longer la côte. Rentrer dans les terres aurait été plus compliqué. Nous voulions aller dans les grandes villes, Oran, Constantine et surtout Annaba, pour saint Augustin. Ensuite, des étapes se sont imposées d'elles-mêmes. Boumerdès, car nous avons été très sensibles au séisme qui a frappé la région. Tibhirine, car ce qui s'y est passé nous parle. Nous allons également visiter de grands sites historiques et archéologiques. Surtout, nous espérons rencontrer beaucoup de monde sur notre parcours. Même si le professeur André Mandouze, qui parraine le voyage et connaît très bien l'Algérie, nous a prévenu que les distances seraient longues et qu'il faudra peut-être composer sur place avec le programme.