Comme chaque année, à l'approche de l'Aïd El Adha, les rémouleurs de circonstance font leur apparition dans la rue pour proposer leurs services. Tôt le matin, chacun de ces aiguiseurs de couteaux s'affaire dans son coin à affûter les instruments tranchants avant le sacrifice de la bête, rituel millénaire de Sidna Brahim El Khalil. Une procession se forme dans les quartiers populeux, notamment à Bachedjarah, El Harrach, Laâqiba ou Bab El Oued et toute la panoplie à lames est passée à la meule. Sur la voie publique ou au milieu du brouhaha que génère le souk, le rémouleur semble dépassé. Il se donne du cœur à l'ouvrage et travaille sans répit. Vieux, jeunes et moins jeunes étalent les instruments à l'affûtage. Cela fait partie de l'ambiance coutumière. C'est normal. Mais ce qui va contre le bon sens est que certains parents trouvent normal de charger leurs bambins de cette « tâche » en mettant entre leurs mains ces accessoires pour aller solliciter le rémouleur du coin. Un réflexe qui est loin d'être anodin, surtout lorsque ces petits enfants s'amusent à manipuler maladroitement cet attirail qu'ils prennent pour un « machin » ludique.