Le déplacement du souverain marocain à Alger pour assister au sommet arabe est le premier du genre depuis son intronisation en juillet 1999. A deux reprises, pourtant, il a refusé d'assister au sommet de l'Union du Maghreb arabe (UMA), qui devait se tenir en 2003, mais reporté depuis cette date. En visite privée cette semaine en France, le roi Mohammed VI, faut-il le souligner, a eu samedi dernier, au palais de l'Elysée, un tête-à-tête avec le président Jacques Chirac. Celui-ci a tenu d'ailleurs à téléphoner, le lendemain, au président Abdelaziz Bouteflika pour «faire un tour d'horizon sur les questions à l'ordre du jour du sommet (arabe)», selon la Présidence française. Cependant, la deuxième préoccupation des chefs d'Etat maghrébins, après ce sommet, demeure les concertations autour de l'UMA. «Cette rencontre sur la terre d'Algérie pourrait conduire à la tenue d'un sommet de l'UMA», avait indiqué, vendredi dernier sur la chaîne Al Jazeera, Abdelaziz Belkhadem, ministre des Affaires étrangères. De la même manière, le président tunisien Zine Al Abidine Ben Ali émettait «l'espoir que cette rencontre à Alger offrira l'opportunité de préparer le terrain à la tenue du sommet maghrébin dans un bref délai». L'organisation maghrébine, bloquée depuis plus de dix ans, tentera, à travers cette opportunité, de s'inscrire dans une perspective positive, notent les observateurs. Une opportunité qui servira aussi et surtout à une rencontre au sommet entre Bouteflika et Mohammed VI autour des problèmes bilatéraux. «Avec la volonté d'Allah, il y aura un sommet algéro-marocain», indiquait le même Belkhadem. Il s'agira notamment de deux questions pendantes et corrélativement liées : le dossier du Sahara-Occidental et celui de la réouverture des frontières communes. Or, curieusement, les autorités marocaines ont accordé vendredi dernier leur feu vert pour le retour dans le royaume de l'ancien ministre de l'Intérieur Driss Basri, privé de passeport depuis 2004 et installé à Paris. L'homme fort du régime au temps de Hassan II avait été limogé de ses fonctions par Mohammed VI en novembre 1999. C'était un signal fort en direction d'Alger. Basri n'a cessé, les derniers mois, d'émettre des prises de position publiques, notamment sur la question du Sahara-Occidental, principal sujet de tension diplomatique entre le Maroc et l'Algérie. Mais aussi de critiquer l'«incompétence» des principaux collaborateurs du roi, qu'il qualifie de «nains politiques». En tout cas, les pressions de Washington et de l'Europe ne cessent de s'accentuer pour voir deux «Etats locomotives» au Maghreb se rapprocher davantage.