À travers la non-participation du souvrain chérifien, le Palais entend “protester” contre la position d'Alger sur le Sahara occidental. Le roi du Maroc a décidé de ne pas participer au sommet maghrébin de Tripoli, prévu les 25 et 26 mai, en raison de “l'attitude d'Alger dans l'affaire du Sahara occidental”, a-t-on annoncé hier à Rabat de source officielle. Le communiqué du ministère des Affaires étrangères marocain accuse aussi notre pays de vouloir torpiller l'UMA. “L'Algérie a pris la responsabilité de compromettre l'opportunité de relance, au plus haut niveau, de l'édification maghrébine”. Le Maroc, ajoute le communiqué, sera représenté à ce sommet, qui est plus que jamais compromis, par son ministre des Affaires étrangères. L'absence de Mohammed VI est intervenue, alors qu'auparavant, les ministres des Affaires étrangères avaient indiqué que la question du Sahara, pomme de discorde, a été évacuée de l'ordre du jour. L'information a été confirmée hier à Tripoli par Abdelaziz Belkhadem, le ministre d'Etat et représentant personnel du président de la République. Il a affirmé que “le problème du Sahara était exposé à l'ONU (...) et que nous sommes venus ici discuter de questions relatives à l'UMA”. Belkhadem a même précisé que “les divergences sur la question du Sahara resteront loin des préoccupations du sommet”, avant d'ajouter que le roi Mohammed VI et Abdelaziz Bouteflika allaient se rencontrer à l'occasion de ce sommet, premier du genre depuis 1994. Ces déclarations sont en porte-à-faux avec l'engagement de Bouteflika dans sa lettre de félicitations adressée à son homologue sahraoui à l'occasion du 32e anniversaire de la création du Front Polisario. “Engagés comme nous l'avons toujours été, nous irons en Libye fidèles à nos promesses”, avait notamment écrit le chef de l'Etat dans son message. Ce passage a été interprété comme une promesse de mettre sur la table du sommet de l'UMA la question sahraouie, ce qui n'a pas manqué de provoquer l'ire des Marocains, officiels et presse. Plusieurs participants présents à Tripoli ont confirmé les déclarations de Belkhadem, assurant que la question du Sahara occidental “ne figure pas à l'ordre du jour des travaux du sommet”. Le chef de la diplomatie marocaine, Mohamad Benaïssa, a dénoncé hier hier ces déclarations, estimant qu'elles “n'aident pas à relancer l'UMA”. “Les déclarations de l'Algérie sur le Sahara occidental ne sont pas compatibles avec l'esprit du sommet”, a-t-il insisté. Ceci confirme qu'il a fallu de longues tractations entre les différentes parties pour parvenir à la tenue de ce rendez-vous capital pour la relance de l'Union du Maghreb arabe. La Libye, terre d'accueil, s'est limitée par la voix de son chef de la diplomatie, Abdelrahmane Chalgham, à affirmer qu'elle “porte un intérêt particulier à la réactivation de l'union (...) et des accords conclus dans le cadre de l'UMA après 16 ans de difficultés”. Il a cependant ajouté que le sommet “allait discuter de nombreuses questions politiques et économiques”. K. ABDELKAMEL