La culture de la protection de l'environnement dans la wilaya de Tipaza ne fait pas partie du quotidien de toute la population. Chaque individu y trouve son compte. En dépit de toute une batterie de textes de lois, la nature continue à subir les cortèges d'agressions, malheureusement dans l'indifférence. Le patrimoine forestier de la wilaya de Tipaza est estimé à 40 000 ha. On distingue plusieurs espèces. Le pin d'Alep s'étend sur 22 450 ha, tandis que la surface en chêne-liège ne cesse de diminuer, à cause des incendies et de l'abattage illégal, puisqu'elle mobilise 2800 ha seulement. La catastrophe écologique s'est accentuée depuis 1993. Le patrimoine forestier au niveau des communes de Chaïba et Attatba est entièrement menacé. La «mafia», qui exploite illégalement les forêts de la daïra de Koléa, continue à agir en toute impunité, à cause de l'impuissance de l'administration des forêts dépourvue de moyens et grâce à l'insouciance ou à la complicité des autorités locales. Les délinquants récidivistes, identifiés, font fi des verdicts du tribunal territorialement compétent (Koléa). Les suites judiciaires sont très rares, selon un fonctionnaire de l'administration des forêts. L'implantation des scieries à proximité des forêts a favorisé dans une certaine mesure ces actes de vandalisme mais très rémunérateurs. Le phénomène des coupes et des vols des arbres a pris de l'ampleur. A titre d'exemple, Koléa compte un nombre impressionnant de menuiseries. Les citoyens qui se sont installés en lisière de ces forêts se sont attelés à défricher illicitement les espaces appartenant au domaine forestier. Dans cette zone uniquement, le préjudice causé au patrimoine forestier dépasse 1 milliard de centimes. Il a été recensé 70 délits de différentes natures. Des milliers de mètres cubes de bois ont disparu. Les forestiers, qui s'aventurent sans moyens de défense à affronter les bandes organisées de destructeurs des arbres, sont agressés. Des délinquants sont autorisés par les responsables des APC à défricher le terrain, à construire et à s'installer sans respect des lois, nous confie un cadre de l'administration des forêts. C'est une véritable jungle dans ces territoires de la partie est de la wilaya de Tipaza. En effet, les autorités communales ne se sentent pas concernées par la protection du patrimoine forestier, créateur d'emplois et de richesses. Pour ne citer qu'un seul exemple, l'administration des forêts a surpris un entrepreneur en train de construire sur un terrain appartenant au domaine forestier. Comble de l'ironie, cet entrepreneur est titulaire d'une autorisation signée par l'un des présidents d'une APC de la daïra de Koléa. Dans les montagnes lointaines et difficilement accessibles, les résidents recourent à l'incendie des arbres pour le charbonnage, notamment en période hivernale. Les opérations de reboisement consistent à essayer de réparer partiellement les massacres opérés dans les forêts. «Par le passé, l'homme avait besoin de la forêt pour vivre, nous lance un responsable des forêts, à présent c'est la forêt qui attend d'être secourue par l'homme pour… survivre.» L'état du patrimoine forestier vient d'atteindre un seuil inquiétant. Aucune action n'a été engagée pour mettre fin à cet état de désolation. Les éléments de l'administration des forêts tendent des embuscades ces dernières semaines avec des moyens dérisoires pour arrêter les «assassins» des forêts. Des embuscades qui n'ont donné aucun résultat positif. L'administration des forêts, qui se débat toute seule, réfléchit à d'autres méthodes plus efficaces. Il y a lieu de signaler en conclusion l'incompréhension des citoyens quant à cette opération d'élagage en cours, décidée par l'autorité de wilaya en concertation avec les différents services, une opération exécutée, gérée et suivie par l'administration des forêts selon les textes réglementaires qui se déroulent sur le tronçon routier de la RN 11, au niveau de la daïra de Sidi Amar.