La forêt de la wilaya de Tipaza fait l'objet de multiples agressions. Cette situation entrave le programme de développement, en dépit des actions entreprises par les éléments de l'administration des forêts qui sont seuls dans leur combat contre les agresseurs. La direction des forêts a enregistré 174 cas de défrichements qui représentent une superficie estimée à 620 ha. Le nombre est revu à la hausse car de nombreux cas ne sont pas inventoriés par l'administration. Cette dernière a transmis les dossiers à la justice. Les défrichements dans l'écrasante majorité des cas sont localisés notamment dans l'ouest de la wilaya de Tipaza, les daïras de Gouraya, Damous et Cherchell. Les citoyens défrichent les forêts pour créer une activité agricole, alors que la direction des forêts de la wilaya de Tipaza estime qu'un programme cohérent de développement du patrimoine forestier est lancé. En revanche les constructions illicites, au nombre de 612, sont relevées particulièrement à l'est de la wilaya de Tipaza. Ces constructions illicites représentent la disparition de 15 ha de forêt. Dans la commune de Fouka, 76 citoyens qui avaient construit illicitement leur maison à l'intérieur des forêts (forêt Benoît, ndlr) se sont constitués en association de « constructeurs illicites » en payant un seul avocat pour défendre « leur cause » auprès du tribunal. Avec la « complicité » de Sonelgaz qui leur fournit la quittance de l'électricité, d'une part, et celle de l'APC qui leur remet le certificat de résidence et la carte de vote, d'autre part, ces constructeurs détiennent des arguments pour justifier leur action. Ils exhibent les documents lors de chaque audience devant les magistrats pour prouver qu'ils se trouvent dans la légalité. Par conséquent, aucun arrêté d'expulsion n'a été prononcé à leur encontre. Des sanctions financières insignifiantes sont infligées contre les constructeurs illicites. La prolifération de ces dernières et l'extension des habitations illégales au niveau de la forêt du Mont Chenoua ont pris une allure qui donne des vertiges. Certains individus se croyant au-dessus de la loi algérienne sont arrivés à ériger des résidences luxueuses en pleine forêt face à la mer. Les citoyens se fichaient allégrement des mises en demeure de l'administration des forêts sachant, qu'à la fin, ils devront payer juste une amende d'un montant dérisoire, décidée par la justice en fonction des textes réglementaires en vigueur. L'administration des forêts avait pris l'initiative toute seule, de surcroît sans assistance, en procédant à la démolition de certaines constructions illicites. En vain. Cela demeure insuffisant, en raison de l'absence et de la fuite en avant des autorités communales. La protection de l'environnement en général, de la forêt, de la mer et du littoral n'est pas inscrite dans l'agenda des autorités communales. Le secteur de l'environnement dépourvu de structures décentralisées se contente d'agir en discoureur. Les éléments de l'administration forestière partent en mission sans moyens et font face à des citoyens agressifs détenteurs d'armes à feu. Non seulement la loi 84-12 portant régime forestier est aujourd'hui obsolète, mais les forestiers dépourvus de moyens de lutte affichent une impuissance face à la dégradation du patrimoine forestier et à l'arrogance des délinquants. L'administration des forêts de la wilaya de Tipaza subit de nombreux délits. En dépit de ce contexte très défavorable à ses yeux, ses éléments persistent dans leur lutte pour au moins entretenir et réhabiliter le patrimoine forestier d'une superficie avoisinant 42 000 ha, représentant 26 % du territoire de la wilaya de Tipaza. La mise en application du programme de développement augure de meilleures perspectives pour les générations futures de cette wilaya, compte tenu des potentialités économiques et sociales offertes par la forêt. Bien que la tendance des agressions enregistre une tendance à la baisse, il n'en demeure pas moins qu'un travail conséquent est attendu non seulement par la seule administration des forêts, mais surtout par les autorités communales, l'éducation nationale, l'environnement et le mouvement associatif.