Les Sahraouis auront désormais les yeux rivés sur le siège de l'ONU à New York (USA). Ils aspirent à une reprise rapide des négociations qui leur garantira le droit à l'autodétermination. Au lendemain de la visite effectuée par le nouvel émissaire de l'ONU, Christopher Ross, dans le camp de réfugiés de Tindouf, les Sahraouis réaffirment, à l'unanimité, leur attachement au principe de l'indépendance de leur patrie, dont 65% des territoires sont occupés par le Maroc depuis 1975. Femmes, hommes, enfants, adolescents, jeunes et vieux n'ont qu'un seul mot à la bouche : « La libération des territoires occupés et l'indépendance du Sahara occidental. » Ils sont prêts à braver toutes les difficultés pour arracher leur droit de regagner leur pays qu'ils ont quitté depuis plusieurs années. Certains d'entre eux, les plus jeunes, ne l'ont jamais connu. C'est le cas de Noureddine Daïe, 17 ans, Salah Mohamed Abderrahmane, 25 ans, Waiga, 19 ans. Nés dans les camps de réfugiés de Smara (un des camps qui porte le nom d'une ville des territoires sahraouis occupés), ces jeunes ont toujours le sentiment d'être lésés par l'histoire et par la communauté internationale. La visite du représentant onusien a, semble-t-il, ressuscité en eux l'espoir qui s'est dissipé après l'arrêt des négociations en mars 2008. « Le représentant de l'ONU a réaffirmé notre droit à l'autodétermination. Nous souhaitons qu'il fera le maximum d'efforts pour faire avancer les négociations et organiser le référendum de l'autodétermination du peuple sahraoui », a déclaré Noureddine Daïe. « Nous voulons l'indépendance de notre pays », a-t-il ajouté. Ce jeune qui a fait le CEM et le lycée en Algérie (respectivement à Sidi Bel Abbès et El Bayadh) insiste sur « le droit des Sahraouis à l'autodétermination ». Même revendication chez tous les jeunes du camp de Smara. « Nous souhaitons que la visite de M. Ross sera suivie de résultats positifs pour nous », a lancé Salah Mohamed Abderrahmane. « Je veux rentrer chez moi en territoires occupés », a-t-il noté, stupéfait. Selon lui, les conditions de vie dans les camps sont pénibles. « 75% des jeunes sont au chômage. Les seuls lieux de travail existants sont le commerce et la fabrication des briques en terre battue. Mais ce sont des métiers qui ne nous font pas manger à notre faim », a-t-il affirmé. Plus joyeuses et plus vivantes, les jeunes filles ont aussi la même prise de conscience et la même aspiration à l'indépendance. « Nous souhaitons que la prochaine visite d'un responsable onusien sera dans notre chère patrie, actuellement occupée par le Maroc », a assuré Waiga. Les politiques impatients Khadidjatou Mohamed El Hassan (19 ans) exprime, elle, également les mêmes souhaits. A la différence de ses concitoyennes, Khadidjatou a vécu une partie de sa vie dans les territoires occupés et y a fait ses études. Elle était dans la ville de Smara occupée et elle a connu toutes les formes de ségrégation. « Les élèves sahraouis dans les écoles des territoires occupés sont toujours mis à l'écart et leurs droits sont bafoués », a-t-elle attesté. « Nous souhaitons que l'ONU arrivera à trouver une solution définitive à cette question qui est l'indépendance du Sahara occidental », a-t-elle précisé. Cette jeune adolescente demande également l'intervention des Nations unies pour mettre un terme à la violation des droits de l'homme dans les territoires occupés et la libération des détenus sahraouis. Sollicités pour avoir leur appréciation sur les déclarations de Christopher Ross, des représentants du Front Polisario à l'étranger demandent, quant à eux, à ce qu'il y ait « des pressions onusiennes sur le Maroc ». « Nous en avons marre des déclarations. Il faut que l'ONU exerce des pressions sur le Maroc pour faire avancer les choses. Les Sahraouis ne peuvent plus attendre », fulmine Khandoud Hamdi, représentant du Front Polisario en Italie. Selon lui, « il n'est pas écarté que le peuple sahraoui reprenne la lutte armée ». Le dernier congrès du Front Polisario, qui s'est tenu en décembre 2008, rappelle-t-il, « a donné un mandat clair au représentant du Front de prendre toutes les décisions idoines, y compris la lutte armée ». « Le nouvel émissaire de l'ONU a compris le fond du problème. Il est sage et nous espérons qu'il exploitera son expérience pour trouver une solution au problème », a-t-il soutenu. Un problème qui, enchaîne-t-il, « n'a que trop duré et même l'occupant marocain en souffre ». Ce responsable se montre, toutefois, sceptique car, certifie-t-il, « tant que le royaume marocain, pas son peuple, maintient toujours ses visions expansionnistes et arrogantes, le chemin de la paix sera encore plus loin ». Lamine Bali, représentant du Front Polisario à Londres, affirme que les Sahraouis veulent accorder encore plus de temps à la communauté internationale avant de recourir à la guerre. « Le plus important n'est pas la tenue d'un cinquième round, mais le contenu des prochaines négociations. Si ce round manque de substance, il n'aura aucune utilité », a-t-il attesté.