Le nouvel émissaire de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, réussira-t-il à relancer le processus des négociations entre le Front Polisario et le Maroc ? Présent dans la région depuis mercredi dernier, C. Ross était d'abord au Maroc avant de se rendre, aujourd'hui, au camp des réfugiés sahraouis pour tenter d'arracher aux deux parties l'accord de reprise des négociations en vue d'un règlement durable du conflit. Des négociations qui ont été, rappelons-le, stoppées net en mars 2008, suite à l'intransigeance du colonisateur marocain qui veut imposer, à tout prix, son projet de « l'autonomie » du Sahara occidental sous sa souveraineté. Un projet qui s'inscrit en contradiction avec la résolution 1754, adoptée en 2007 par le Conseil de sécurité de l'ONU et qui avait exhorté les deux parties en conflit « à engager des négociations sans condition préalable et de bonne foi afin de parvenir à une solution politique, juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental ». C'est, d'ailleurs, cette résolution qui a donné lieu à un début du dialogue entre les représentants des deux belligérants à Manhasset (près de New York, USA). Sous l'égide de l'ONU, les deux parties ont tenu quatre rounds de pourparlers et ont convenu d'organiser un cinquième, sans fixer de date précise. Depuis, aucun contact n'a été établi. La tournée qu'effectue actuellement dans la région le représentant de l'instance onusienne a pour objectif de mettre un terme au statu quo et de ramener surtout la partie marocaine à la raison. Jeudi dernier, C. Ross a, autour d'un dîner offert par le Premier ministre marocain, Abbas El Fassi, plaidé pour la reprise du dialogue. Mais aucune information n'a été donnée sur la position officielle des autorités marocaines. Toutefois, il semblerait que le royaume tient toujours à son projet. Selon la presse marocaine, les responsables des partis politiques du pays et ses officiels « estiment que le projet de l'autonomie est audacieux ». Reste à savoir quelle a été la réponse donnée par le royaume chérifien au représentant personnel du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Christopher Ross devra dévoiler les résultats de sa tournée dans la région, aujourd'hui, à l'issue de son entretien avec le président de la République arabe sahraouie (RASD), Mohamed Abdelaziz. Si la position marocaine demeure ambiguë, celle du Front Polisario reste stable et claire : la reprise des négociations comme unique voie permettant la résolution du problème. Selon le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, le Front Polisario « demeure attaché à une solution devant permettre au peuple sahraoui d'exercer librement son droit à l'autodétermination et à l'indépendance ». « Nous attendons du nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU au Sahara occidental de relancer les pourparlers, entre les deux parties en conflit, le Front Polisario et le Maroc, en vue de parvenir à une solution juste et durable du conflit qui garantisse le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination », a-t-il déclaré dans une déclaration à la radio sahraouie. Pour rappel, C. Ross a succédé au Néerlandais Peter Van Walsum, dont le mandat a expiré en août 2008 et n'a pas été renouvelé. Peter Van Walsum avait été accusé par les responsables sahraouis de prise de position en faveur du Maroc. Christopher Ross est ancien ambassadeur des USA en Algérie et il a à son actif une longue carrière diplomatique au sein du département d'Etat où il était, notamment, en charge des affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA). Il devra mettre à profit tout son potentiel expérience afin de « relancer bientôt les négociations », comme l'a souhaité le secrétaire général de l'ONU.