La conférence nationale sur le renouveau agricole et rural se tiendra aujourd'hui à Biskra, en présence du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Il est attendu que ce dernier annonce de nombreuses mesures importantes ayant trait au secteur. Le chef de l'Etat devrait notamment annoncer un effacement des dettes des agriculteurs évaluées à près de 12 milliards de dinars. Le premier magistrat du pays devrait également évoquer la situation de la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA banque) dont les activités connaissent un statu quo depuis que la Banque d'Algérie a décidé de désigner un administrateur provisoire auprès de cette institution. Son directeur général, Kamel Arba, avait indiqué récemment qu'un comité de réflexion pour la mise en conformité des statuts de la CNMA, composé de représentants de la CNMA, de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA) et de la Chambre nationale de l'agriculture (CNA), avait proposé au ministère de l'Agriculture et du Développement rural de transformer cette banque en caisse d'épargne agricole qui reprendra l'effectif et le réseau de la CNMA banque, dont l'arrêt des activités a pénalisé les agriculteurs. Il est donc fort probable que le Président, lors de son intervention à Biskra, proclame la création de cette caisse qui octroiera des crédits uniquement à ses adhérents agriculteurs et collectera leur épargne. Mais seule la Banque d'Algérie, en tant qu'autorité de régulation et de contrôle, sera habilitée à décider du sort de la CNMA banque qui traîne le boulet des créances détenues sur certains exploitants agricoles dont les activités ont été généreusement financées par cette banque durant l'état de grâce du Plan national de développement agricole (PNDA) entre 2000 et 2007. Au département de Rachid Benaïssa qui a remplacé Saïd Barkat, l'actuel ministre de la Santé, en juin 2008, on insiste sur l'importance de cette conférence nationale qui, soutient-on, « est l'aboutissement d'un long processus dont l'objectif principal est la construction d'une politique participative ». Cette approche vise à mettre fin à l'assistanat stérile qui a été à l'origine de nombreux dérapages dont le gaspillage des deniers publics ainsi que les détournements. Ainsi, un nouveau dispositif de financement a été mis en place pour réinstaurer la confiance entre les banques et les agriculteurs. Il s'agit du crédit Rfig dont les intérêts sont à la charge du ministère de l'Agriculture. Ce dispositif lancé l'été dernier suscite encore la méfiance des deux parties concernées, à savoir les banques et les agriculteurs. D'ailleurs, seules 3000 personnes en ont bénéficié sur les 800 000 exploitants répertoriés. Le système de régulation des produits agricoles de première nécessité connaît également quelques couacs dans sa première expérience ayant concerné la pomme de terre. Le principe est de stocker le surplus en cas de surproduction pour le mettre sur le marché en temps de rareté ou si les prix sont instables. Un manque de coordination entre les différents intervenants fait que des dysfonctionnements ont été constatés. Des agriculteurs attendent toujours de percevoir leur dû, n'ayant pas été payés par les organismes stockeurs, notamment privés. Au ministère de l'Agriculture, on ne se décourage pas pour autant. La politique actuelle vise le long terme, signale-t-on. Le premier objectif est de mettre fin à la longue période de transition par laquelle est passée l'agriculture algérienne qui a été marquée par une révolution agraire mal réfléchie, une restructuration précipitée avant de sombrer dans le marasme, à l'instar de toute l'économie nationale durant la décennie noire.