Le gouvernement espagnol semble recentrer sa position concernant le conflit du Sahara occidental en faveur de l'autodétermination du peuple sahraoui. Le secrétaire d'Etat espagnol aux Affaires étrangères, Angel Lossada, a en effet exprimé jeudi dernier à l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, le « ferme engagement actif » de l'Espagne pour contribuer à « un accord politique juste et durable devant permettre l'autodétermination » du peuple sahraoui. Le ministère espagnol des Affaires étrangères s'est bien référé, dans un communiqué sanctionnant l'entretien de M. Ross avec M. Lossada, à la résolution 1813 du Conseil de sécurité de l'ONU qui consacre le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Une résolution que le Maroc refuse toujours d'appliquer, tentant de faire aboutir son plan d'autonomie que rejette en bloc et dans le détail le Front Polisario. La volonté que vient d'afficher le gouvernement espagnol de soutenir la démarche onusienne, si elle viendrait à être traduite sur le terrain, va certainement être d'une grande contribution dans le processus de résolution de ce conflit, dans le cadre défini par les Nations unies. Contrairement à la droite, la gauche espagnole, représentée actuellement par le Premier ministre José Luis Rodriguez Zapatero, s'est toujours distinguée, faut-il le souligner, par sa position plutôt « proche » du Maroc. Certes, l'Espagne, comme l'a maintes fois précisé le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, n'a jamais reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Mais à chaque fois, le pouvoir passe à gauche, sa position s'éloigne des résolutions onusiennes. A titre de rappel, lors d'un passage en 2005 à Alger, M. Zapatero, tout en évoquant la légitimité internationale, avait bien évité de parler de référendum, préférant afficher son soutien à « une solution juste et définitive qui permettrait au peuple sahraoui de voir le bout du tunnel ». Mais le rapprochement entre l'Espagne et la France apparaît cette fois moins influant. Paris a toujours appuyé Rabat dans ses visées expansionnistes dans la région du Maghreb et a exprimé ouvertement son soutien au plan d'autonomie proposé par le Maroc. Rien que la semaine dernière, alors que M. Ross effectuait sa première visite dans la région, Eric Chevallier, porte-parole du Quai d'Orsay, avait déclaré que « le plan d'autonomie présenté par le Maroc en avril 2007 est une base de négociation pour aboutir à une solution négociée raisonnable entre les parties dans le cadre des Nations unies ». Ainsi, le porte-parole du Quai d'Orsay a simplement ignoré la revendication sahraouie fondée sur le droit à l'autodétermination. De ce fait, l'émissaire onusien, M. Ross, doit également s'entretenir avec des responsables français avant de repartir pour les Etats-Unis où il se rendra à Washington avant de faire son rapport au secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon. Le Conseil de sécurité de l'ONU, faut-il le préciser, a appelé à « une solution mutuellement acceptable qui prend en charge le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination ». Au cours de sa première visite dans la région depuis sa désignation le 7 janvier dernier comme nouvel envoyé personnel de M. Ban Ki-moon en remplacement du diplomate hollandais Peter Van Walsum, M. Ross semble optimiste quant à la résolution du conflit. Il dit avoir constaté, au terme de sa tournée qui l'a conduit à Rabat, à Alger et dans les camps de réfugiés sahraouis, la volonté des différentes parties d'aller vers une solution juste, définitive et durable de ce conflit. Il espère ainsi aboutir à une relance rapide du processus de négociation lancé en juin 2007 entre le Maroc et le Front Polisario sous l'égide de l'ONU. Quatre séries de réunions n'ont pas donné d'avancées. Une nouvelle série est prévue à une date qui n'a pas été encore fixée. L'Algérie, quant à elle, demeure attachée au principe de l'autodétermination qui lui a permis de recouvrer son indépendance. Dans un message adressé au chef du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, à l'occasion du 33e anniversaire de la proclamation par le Front Polisario de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), le 27 février 1976, le président Bouteflika dit espérer que le nouvel émissaire de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, « favorisera des avancées en vue de parvenir à une solution politique qui permette l'autodétermination du peuple sahraoui ».