Le parquet a requis 12 mois de prison ferme pour chacun d'eux. L'affaire a été mise en délibéré jusqu'au 24 du mois en cours. Les trois journalistes ont répondu à une plainte déposée par le ministère public pour «offense au président de la République». Le motif de la plainte est la publication, en 2003, dans le journal Liberté, d'une série de caricatures de Dilem et d'une chronique «Contrechamp : despotisme résiduel» de Hamouche, jugées, par la partie civile, attentatoires à la personne du Président Bouteflika. Farid Allilat a été convoqué par la justice en sa qualité de directeur de la publication de l'époque. Lors de sa plaidoirie, maître Khaled Bourayou, avocat de la défense, a démontré devant la juge que ni les caricatures de Dilem, qui sont «des œuvres d'art puisées du quotidien vécu par le caricaturiste», ni la chronique de Hammouche, qui «est un commentaire des faits du jour», peuvent constituer «une offense» ou «une atteinte» au premier magistrat du pays. Dilem considère que ses caricatures reflètent des idées et des informations connues du commun des mortels. «Vous me demandez pourquoi, en évoquant dans mes caricatures le Président, j'ai écrit Boutef. Mais ce mot a figuré dans des posters du Président lors de sa dernière campagne électorale, en mars 2004. On a vu également dans la même période des tee-shirts sur lesquels il est écrit Boutef, c'est mon choix. Ce sont des slogans qui ont été utilisés pour les besoins de sa campagne électorale. Ce mot ne peut, donc, constituer un élément attentatoire à la personne du Président», a-t-il expliqué à la présidente de l'audience. Le procureur de la République lui a donné de s'expliquer sur le mot «Atika» utilisé dans ses caricatures incriminées. Pour Dilem, «rien n'indiquait dans la caricature qu'Atika signifiait le Président. C'est une interprétation personnelle. Chacun est libre de faire la lecture qu'il veut». A la barre, Mustapha Hamouche, de son côté, a estimé qu'il n'y a dans son écrit aucun mot ni expression diffamatoire. Son avocat a exhibé l'écrit incriminé en s'interrogeant : «Y a-t-il dans cet article atteinte à magistrat ? Est-ce que le Président a été cité une seule fois dans cet article ?» «Non», a-t-il répondu, avant d'ajouter : «Comment donc peut-on parler d'offense à magistrat ?» Un autre procès a eu lieu. Il a opposé Le Jeune Indépendant au directeur du central téléphonique d'El Harrach pour diffamation. Le journaliste auteur de l'article a comparu seul en l'absence du directeur du journal, également convoqué. Le procureur a requis dans cette affaire une amende de 20 000 DA pour chacun des deux mis en cause. Au registre des affaires mises en délibéré lors de précédentes séances, seul le verdict de l'affaire de diffamation opposant Abrous Outoudert, ancien directeur de Liberté, au président de l'APC de Batna, est tombé dans la journée d'hier. Le mis en cause a ainsi obtenu un acquittement. Sans surprise. Car il a ramené tous les documents attestant l'authenticité des informations rapportées dans les colonnes de son journal en 2001. Quant à l'affaire d'offense à magistrat opposant Le Soir d'Algérie au premier magistrat du pays, déjà jugée et mise en délibéré, elle a été renvoyée, encore une fois, au mardi 17 mai. Par ailleurs, le procès opposant le journaliste Mourad Kezzar et l'ancien directeur de publication de Liberté Abrous Outoudert à l'ancien procureur de la République près le tribunal de Collo (Skikda), occupant actuellement le poste de procureur général adjoint à Oum El Bouaghi, a été finalement reporté hier au 24 mai. L'avocat de la défense, Me Zoubir Soudani, a demandé la présence du plaignant, qui s'absente ainsi pour la deuxième fois. Le journaliste est accusé de diffamation et de dénonciation calomnieuse, suite à un article traitant d'une enquête à l'hôtel Bougaroun, paru au mois de janvier 2001 sur la page Radar. Dans cet article, il est écrit : «On parle d'une tentative de corruption de magistrats, une pièce faisant foi de preuve nous a été remise», et il s'agit d'une facture. Le plaignant n'a pas été cité ni a fait l'objet d'une quelconque insinuation, ceci d'une part ; d'autre part, au moment de la parution de l'article, il n'était pas en exercice au tribunal. Ceci dit, il faut relever, selon Me Soudani, que l'affaire a dépassé le délai de prescription de 3 ans conformément au code de procédure pénale. Le journaliste aura à dire au président de l'audience que son information est juste et vérifiée, puisque basée sur le travail de la commission d'enquête dépêchée à l'hôtel Bougaroun. Finalement, le juge suspendra l'audience et décidera du report du procès au 24 mai, accédant ainsi à la demande de l'avocat de la défense : la présence du plaignant.