Lucien Lazare, historien, membre de la commission israélienne des mémoires des justes, a indiqué lors d'un dîner-débat organisé par l'association les Bâtisseuses de Paix, qu'«une loi israélienne fait obligation au mémorial Yad Vashem de perpétuer la mémoire des non juifs qui ont pris des risques pour sauver des juifs». La commission statue à partir du témoignage d'un juif sauvé. Si Kaddour Benghabrit a tout d'un juste. Cette qualité lui sera-t-elle reconnue ? «Quand nous avons eu connaissance de ce film, Albert Assouline (qui témoigne dans le film de Derri Berkani) n'était plus de ce monde, sa famille a refusé de coopérer non pas par rapport à ce que représente la Mosquée de Paris, mais de par des querelles propres à la famille. Nous avons appris qu'il y avait un autre témoin, Salim Lahlali. Il y a un an il était encore vivant. Il avait refusé de recevoir des personnes pour Yad Vashem. D'autres personnes nous ont dit qu'il a perdu la mémoire. On est dans l'impasse», indique Lucien Lazare. «Mais il y a d'autres possibilités, comme la production d'un document», a souligné le représentant de Yad Vashem. «Des personnes à Paris déploient des efforts pour faire progresser ce dossier.» «L'actuel recteur de la Mosquée de Paris, que j'ai rencontré il y a deux ans, a promis de faire faire des recherches documentaires. L'objectif de la recherche est de retrouver dans les archives de la Mosquée des documents qui dateraient de la période de l'occupation.» Des documents compromettants n'allaient sûrement pas être conservés. C'est clair. A moins de retrouver des lettres de juifs sauvés ou de leur famille exprimant leur gratitude, suppose Lucien Lazare. Autre possibilité, c'est la localisation au cimetière de Bobigny de la tombe du grand-père de Salim Lahlali, enterré sous un faux nom. Quant aux archives de la sous-division des ressortissants d'Afrique du Nord, un service de la préfecture de Paris, il faut atteindre que le délai légal de 70 ans soit atteint pour qu'elles soient ouvertes, soit 2014.