«Quiconque sauve une vie sauve le monde entier.» Steven Spielberg - Dialogue du film américain La liste de Schindler Les Hommes libres, le dernier film d´Ismaël Ferroukhi, réalisateur franco-marocain du Grand Voyage, dont le tournage vient de s´achever, risque d´être la prochaine attraction au prochain Festival de Cannes et probablement le film qui risque d´effacer toutes les productions audiovisuelles et cinématographiques lors de la manifestation «Tlemcen capitale islamique en 2011». En effet, le film qui est en relation directe avec une figure de Tlemcen, est une fiction inspirée d´une histoire vraie, celle de Si Kaddour Benghabrit, le fondateur de la Grande Mosquée de Paris qui, pendant l´occupation allemande de la France, sauva de nombreux juifs en leur accordant des papiers certifiant qu´ils étaient musulmans. Il évita ainsi notamment la déportation au chanteur algérien Salim Halali. Le comédien franco-algérien Tahar Rahim Un Prophète et le comédien français Michael Lonsdale qui joua notament dans le film de Xavier Beauvois Des hommes et des dieux seront au générique. Pour ceux qui ne savent pas, Si Kaddour Benghabrit est issu d´une famille noble de Tlemcen venue d´Andalousie. Après une brillante carrière professionnelle en Algérie, en tant que magistrat, il part au Maroc en 1893 en qualité d´interprète de la légation de France à Tanger. Ses compétences l´ayant mis en relief, il est rappelé pour remplir plusieurs missions auprès du roi du Maroc. Il dirige plusieurs ambassades tant à Paris qu´à Saint-Petersbourg. En 1916, il est envoyé au Hedjaz et oeuvre à faciliter l´accomplissement du pèlerinage. Il organise les Habous et en 1917, il est nommé président de la Société des habous des Lieux-Saints. Sur son initiative, il fonde dans la capitale française l´Institut musulman de la Mosquée de Paris dont le but est de venir en aide, tant au point de vue spirituel que matériel, à tous les musulmans habitant ou visitant la métropole. Habitué des salons parisiens, il fut surnommé «le plus parisien des musulmans» Dans un documentaire de 29 minutes intitulé La Mosquée de Paris, une résistance oubliée, réalisé pour l´émission «Racines» de France 3 en 1991, Derri Berkani rapporte que ce sont les francs-tireurs et Partisans algériens (FTP), appelés aussi Groupe kabyle et essentiellement constitués d´ouvriers laïcs, qui avaient amené ces juifs à la Mosquée de Paris afin de les protéger. Les chiffres concernant le nombre de juifs hébergés et sauvés par la Mosquée de Paris durant cette période divergent selon les auteurs. 1 600 selon Annie-Paule Derczansky, présidente de l´association des Bâtisseuses de paix et 500 pour Alain Boyer, ancien responsable des cultes au ministère de l´Intérieur français. Même Serge Klarsfeld, président de l´Association des déportés juifs de France ne croit pas au chiffre avancé par Derczansky. Un appel à témoin de juifs sauvés par la Mosquée de Paris entre 1942 et 1944 a été lancé le 3 avril 2005 pour que la médaille des Justes soit remise par le mémorial de Yad Vashem aux descendants de Si Kaddour Benghabrit. Si c´est le cas, Benghabrit sera la première personnalité musulmane honorée au même titre qu´Oscar Schindler, l´industriel allemand, qui avait sauvé durant l´Holocauste 1200 personnes en les faisant travailler dans sa fabrique d´émail et de munitions située en Pologne. L´histoire a été immortalisée dans un film poignant signé Steven Spielberg, intitulé La liste de Schindler. [email protected]