Souk Ahras est une ville où l'entretien des espaces verts et la préservation de la flore ne font pas encore partie des réflexes des responsables. L'absence d'une culture écologique chez la population locale et l'immobilisme patent des associations aidant, des centaines de mètres de ces espaces vitaux pour l'oxygénation de la cité sont grignotés, chaque année, au profit du béton. Des cités-dortoirs et des lotissements improvisés aux places et lieux de vergers et d'allées verdoyantes n'ont tenu compte d'aucune norme d'urbanisme ou de la protection de l'environnement. A Haï Echahid, des arbres séculaires de plus de 30 m de hauteur ont été abattus depuis quelques années au nom d'une viabilisation et d'un aménagement urbain réalisés au gré des humeurs, sans que personne ne s'en offusque. La cité où s'enchevêtrent aujourd'hui des constructions sans âme n'offre que du béton, gadoue et chaussées érodées par les eaux pluviales. L'extension de l'hôpital Ibn Rochd sera réalisée au prix de dizaines de sapins saccagés. La cité des 1700 logements, construite dans les années 1980 par une firme hongroise, a su garder ses espaces verts prévus par les concepteurs de ce quartier tentaculaire, sauf que pour ce cas, leur vocation est toute autre. On y a installé des poulaillers, des ateliers d'apprentis- mécaniciens, des réparateurs de machines, des parkings pour motos, et dans le meilleur des cas, on y cultive du persil et de la pomme de terre. A Djenene Teffeh, ils sont carrément squattés par les constructeurs de maisons privées au su et au vu de tout le monde. A la place de l'Indépendance, l'élagage des platanes, arbres nobles par excellence, a été récemment confié à des personnes peu expérimentées dans le domaine et, de surcroît, mal outillées. Aux bidonvilles de Bendada, Diar Ezzerga et autres, les pins et les sapins sont saccagés à coups de hache pour les besoins domestiques et le renforcement des assises des logis de fortune. Dans ce no man's land, où les complicités ne sont qu'un secret de polichinelle, l'herbe ne poussera plus après le relogement des indus occupants de ces espaces à cause des pissotières grandeur nature improvisées, des immondices qui jonchent le sol à longueur d'année, ainsi que les fatras de béton et autres matériaux de construction.