C'est ce que relève le dernier rapport sur les perspectives économiques en Afrique pour la période 2005-2006 de l'Organisation de coopération et de développement de l'économie (OCDE). Rapport qui sera rendu public aujourd'hui. En effet, dans ses notes concernant ces trois pays, dont nous avons reçu des copies, l'OCDE affirme les avancées significatives réalisées jusque-là et prévoit une amélioration pour les deux années à venir. Toutefois, beaucoup d'efforts doivent être consentis par ces pays s'ils veulent réaliser les objectifs tracés. L'Algérie, le Maroc et la Tunisie, qui ont déjà entamé l'ouverture de leurs économies respectives, avec notamment les accords conclus avec l'Union européenne (UE), devraient accélérer les réformes à tous les niveaux afin de maintenir la stabilité et éradiquer les carences et les lenteurs. En fait, sur le plan interne, l'OCDE confirme la croissance économique des trois nations. L'Algérie, indique le rapport, a parcouru des étapes tangibles sur la voie de la stabilité économique. Avec une croissance du PIB de 6,9 et 5,4% en 2003 et 2004, l'Algérie aspire à une croissance plus soutenue en 2005 et 2006. Mais, déplore l'organisation, l'économie algérienne demeure «trop dépendante du secteur des hydrocarbures». Selon l'OCDE, cette dépendance des hydrocarbures, qui est à l'origine de sa croissance, de l'amélioration de sa position extérieure et de sa position budgétaire, était aussi un facteur ou la conséquence d'une certaine lenteur en matière d'ajustement structurel de son économie. Même constat pour la Tunisie. Un pays déjà avancé dans la transition de son économie et qui s'apprête à l'ouverture d'une zone de libre-échange avec l'UE en 2008. En Tunisie, selon le rapport de l'OCDE, les résultats réalisés par l'économie, dont la croissance s'est accélérée depuis 2003 et 2004 avec 5,6 et 5,5% et qui devrait dépasser les 5% en 2005 et 2006, ont été engendrés par les recettes du tourisme, les exportations vers l'UE et la dépréciation du dinar tunisien vis-à-vis de l'euro. Le Maroc devrait également afficher des taux de croissance supérieurs à 3%. Cependant, le royaume chérifien doit son évolution aux performances du secteur agricole. Hormis les secteurs-clés des économies des trois pays, le secteur de l'industrie, en particulier l'industrie manufacturière, demeure en difficulté, selon l'OCDE. D'où la nécessité pour ses pays de poursuivre, sérieusement, les réformes. Manque d'échanges avec l'Algérie Sur le plan extérieur, l'Algérie et grâce à l'évolution des exportations des hydrocarbures de 35,3%, le solde du commerce extérieur s'avère positif. La balance commerciale a enregistré 15,7 milliards de dollars en 2004. Mais le déficit du compte capital a doublé en 2004, à cause de ralentissement des investissements étrangers qui n'ont atteint que 0,39 milliard de dollars en 2004. Mais, globalement, la balance des paiements, en Algérie, a clôturé l'année 2004 avec un excédent de près de 9,7 milliards de dollars. En revanche, la position extérieure du Maroc et de la Tunisie est peu reluisante : la balance commerciale est déficitaire et les exportations ont enregistré une décrue. S'agissant de la situation sociale, l'OCDE a noté des lacunes dans les trois pays : concernant l'Algérie, les défis résident la résorption des problèmes du logement et du chômage. Le Maroc est confronté au problème de démocratisation et de lutte contre les disparités sociales et régionales. Globalement, indique l'OCDE, les trois pays doivent accélérer les réformes économiques et favoriser les investissements. Les échanges entre le Maroc et la Tunisie ont été réglementés par l'accord de libre-échange signé en 2004. Accord dont font partie également l'Egypte, la Jordanie et la Turquie. Mais les deux voisins n'ont signé aucun accord dans ce sens. Cela renseigne on peut mieux sur la difficile coopération intermaghrébine. En effet, les trois pays semblent privilégier la coopération avec l'Europe. En effet, la Tunisie s'apprête à ouvrir une zone de libre-échange avec l'UE en 2008. Le Maroc et l'Algérie en 2010. Mais le rapprochement entre les économies marocaine et tunisienne avec celle de l'Algérie reste encore loin. Le Maroc a conclu aussi un accord de libre-échange avec les Etats-Unis en mars 2004. Ainsi, l'absence d'entente sur la construction de l'Union du Maghreb arabe (UMA) sur le plan politique semble influer négativement sur la coopération sur le plan économique.