Dans son rapport sur les perspectives économiques en Afrique pour la période 2005-2006, qui sera rendu public le 16 mai, l'OCDE a zoomé sur les pays du Maghreb, dont l'Algérie. L'Organisation de coopération et du développement économique (OCDE), dans sa note concernant l'Algérie, a mis en exergue les bonnes performances réalisées, au cours de ces dernières années, par l'économie nationale. En attendant la publication de ce rapport, l'organisation a noté que l'Algérie a parcouru des étapes tangibles sur la voie de la stabilité économique. « Les résultats enregistrés par l'économie algérienne en 2003 et 2004, avec une croissance du PIB réelle de 6,5% et 5,4%, confirment un diagnostic positif et laissent présager une croissance soutenue en 2005 et 2006 », souligne l'OCDE. En effet, selon l'organisation, avec un taux d'endettement ramené à 24,7%, des réserves officielles qui équivalent à 24 mois d'importations, une position budgétaire globale excédentaire et un taux d'inflation raisonnable, le pays est sur la bonne voie. Ce rapport indique également que l'Algérie a connu une accélération de la croissance économique, engendrée par la progression significative des exportations, notamment des hydrocarbures. Ces résultats réalisés grâce au renforcement du secteur des hydrocarbures ont été, indique l'OCDE, la conséquence d'une certaine lenteur en matière d'ajustement structurel de l'économie. Un fait déploré par l'organisme. « L'économie algérienne a réalisé de bonnes performances générales, mais elle demeure encore trop dépendante du secteur des hydrocarbures, que ce soit au niveau de sa croissance ou de celui de sa position extérieure, surtout sa position budgétaire », a précisé encore le rapport. Sur le plan d'ajustement structurel de l'économie, l'OCDE a noté que le secteur manufacturier algérien est en perte de vitesse et des pans entiers de l'économie sont encore sous contrôle d'entreprises publiques. Des entreprises aux résultats peu convaincants, malgré les soutiens financiers qui leur sont accordés. De ce fait, l'élément déterminant de la capacité de l'économie algérienne à profiter de son ouverture et d'élever le niveau de vie de la population dépend de la capacité des pouvoirs publics à intensifier le rythme des réformes, à opérer le rééquilibrage entre le secteur public et privé et à améliorer la flexibilité et la compétitivité du système productif. Concernant les plans de développement engagés depuis 2001, à savoir le PSRE et le plan de développement agricole (PNDA), l'OCDE a remarqué qu'ils ont contribué fortement dans la croissance économique du pays. Selon ce rapport, outre les hydrocarbures, les secteurs du bâtiment et des travaux publics (BTP) et les services ont participé à la croissance économique, ayant atteint 6,9% en 2003. « Le PIB hors hydrocarbures a, en effet, progressé, en termes réels, de 6,1% en 2003 », fait-il savoir. Mais la croissance hors hydrocarbures a baissé en 2004, pour se situer à 5,4%. Par ailleurs, pour les deux prochaines années, les autorités s'attendent à ce que la croissance se consolide, pour se situer à 4,5%. Le secteur de l'agriculture, à la faveur de la politique sectorielle et la bonne gestion, depuis l'adoption du PNDA, a réalisé une progression en termes réels de 2,2% en 2004. Pour 2005, l'OCDE prévoit un redressement du secteur, pour se stabiliser à 4,1%. Dans l'industrie, les hydrocarbures consolident, selon l'organisation, leur position prépondérante dans l'économie en enregistrant leur plus forte croissance (8,8%) en 2003. En dehors des secteurs des hydrocarbures, du BTP et des services, l'industrie manufacturière du pays a baissé de 50% en 15 ans, engendrant une désindustrialisation relative du pays, malgré les efforts financiers colossaux consentis par l'Etat. Pour remédier à cette situation, les pouvoirs publics comptent accélérer le programme de la mise à niveau. Sur le plan de politique macroéconomique, la politique budgétaire adoptée ces dernières années constitue, affirme l'OCDE, un levier important de la politique du gouvernement. Dans cette optique, le rapport souligne les mesures prises par le gouvernement : la création du Fonds de régulation des recettes (FRR) en 2002 pour faciliter l'adaptation du budget à la volatilité des prix du pétrole et le réaménagement du régime fiscal afin d'alléger les dépenses du budget de l'Etat vis-à-vis du pétrole et leur réorientation vers l'éducation et la santé. Pour 2005 et 2006, les recettes budgétaires vont atteindre respectivement 38,5 et 36,7% du PIB. Par contre, la part des dépenses dans le PIB sera de 30% dans les deux prochaines années, contre 21% en 2004 et 22,6% en 2003. Etant de 4 en 2004, l'inflation devrait dépasser 3,6 en 2005 et 3,2 en 2006. La balance commerciale de l'Algérie, ajoute le rapport, est excédentaire en raison de la hausse des prix du pétrole. Toutefois, la question structurelle souffre toujours des lourdeurs administratives, d'importantes positions de rente et de corruption. Dans le contexte politique et social, l'OCDE a mis l'accent sur le taux élevé du chômage. Elle souligne aussi les conflits ayant jalonné les secteurs de l'éducation et de la santé.