Entraîneur fédéral et président de l'association Forum de l'éducation physique et sportive de la wilaya de Ouargla (Foreps 30), Smaïl Henida a très mal réagi aux dernières décision de la Fédération algérienne de football (FAF). Il s'insurge contre ce qu'il qualifie d'«exclusion programmée des professionnels» notamment ceux du Sud, et estime que la mort lente de la pratique sportive à Ouargla a déjà commencé. Premier couac : la polémique autour de la mise à disposition de la wilaya de Ouargla d'un terrain, dans la daïra de Sidi Khouiled, pour la création d'un centre de formation des équipes nationales de la FAF. Smaïl Henida se dit outré de voir que le président de la FAF omette sciemment les besoins en formation de toute une région en faveur d'un projet qui n'apportera rien aux jeunes de la région : «Notre priorité n'est pas de créer un centre de formation des équipes nationales qui sera fermé la moitié de l'année, mais plutôt d'un centre de formation des jeunes talents qui servira la région et les équipes nationales par ricochet.» Pépinière Quelles sont les propositions du président du Foreps, qui vient de clôturer dans la douleur la formation de 40 jeunes talents sportifs en football formés cinq ans durant et mis à la disposition d'une équipe locale émergente ? «Parmi nos propositions, la dotation en moyens financiers des trois écoles existant dans la wilaya – le Foreps30, l'école de Touggourt et celle de Hassi Messaoud – pour les hisser au statut d'école des talents sportifs afin d'assurer un suivi des jeunes et capitaliser l'expertise acquise depuis toutes ces années.» Les jeunes formés ces dernières années sont majoritairement partis ailleurs. Sur le plan local, Henida tire à boulets rouges sur les organisateurs des récentes festivités du 1er Novembre pour leur manque de considération flagrant, alors que le spectacle sportif préparé un mois durant n'a vu la présence d'aucun officiel ne serait-ce que pour saluer les sportifs venus représenter la wilaya de Ghardaïa voisine. Deux finales ont en effet opposé les équipes du Foreps30 de Ouargla aux écoles de football du 40 Touggourt et Tadjnint d'El Atteuf à Ghardaïa, dans les catégories écoles et minimes. Cette festivité, préparée de concert avec la direction de la jeunesse et des sports, devait servir de tremplin pour les jeunes talents afin que le wali de Ouargla appuie la proposition, auprès de la FAF et de Sonatrach, de création d'une grande école régionale des talents rayonnant sur le Sud. Henida n'en démord pas : «Nous attendions cette occasion depuis cinq ans pour montrer les résultats de notre école de formation qui a été la pépinière de talents sportifs dans les disciplines du football, handball et athlétisme filles et garçons. Cette finale a été l'occasion ratée de parler au wali de nos difficultés sur le terrain, notamment celles d'ordre financier puisque la subvention annuelle de notre école n'a pas excédé les 150 000 DA en deux ans, ce qui ne suffit même pas à renouveler le matériel pédagogique.» En clair, une quarantaine de petits champions de football (catégorie minimes garçons)attendent une valorisation et une reconnaissance de leur statut. Footballeuses L'autre problème souligné par le président du Foreps30 est la suspension sine die de la formation des filles depuis une année à cause des promesses non tenues par l'APC de Ouargla concernant l'aménagement du stade de l'école Aïcha Nouaceur qui a été la matrice de plusieurs activités féminines comme le handball filles et le volley ball jadis. Ce stade, situé en plein centre-ville, dans une des plus anciennes écoles, est le mieux indiqué pour les activités féminines, estiment les entraîneurs qui déplorent la perte d'espoir dans la formation d'une quarantaine de footballeuses de Ouargla cause du problème d'insécurité dans le quartier Chorfa. «Les familles ont autorisé la pratique de cette activité physique à la condition que cela se passe dans des conditions pédagogiques et sécuritaires idoines», ajoute Smaïl Henida. Autre quiproquo : le conflit ouvert avec le directeur de l'éducation de Ouargla qui aurait accusé le Foreps30 de «menacer les édifices publics de l'éducation». Une affaire en justice oppose les deux parties depuis que le ministère de tutelle n'a pas jugé utile d'intervenir pour le maintien de l'activité du Foreps30 au sein de l'école Aïcha Nouaceur alors qu'il y a élu domicile cinq années avec une autorisation légalement remise par l'ex-directeur de l'éducation, valable jusqu'à fin 2018, couvrant les quatre années du mandat olympique et alors que le directeur de l'éducation est lui-même président de la ligue du sport scolaire et qu'il bénéficie des jeunes talents formés par le Foreps30 pour constituer ses équipes, il lui interdit d'accéder au stade sous prétexte d'une directive du Premier ministre qui prohibe l'ouverture des écoles fêtes de mariages et autres festivités. Jeunes talents «Nous ne nous expliquons pas les raisons de cette prise de position, nous avons été surpris par la réaction du nouveau directeur de l'école Aïcha Nouaceur qui a refusé de nous permettre de reprendre nos activité pour la saison sportive 2017/2018. Notre objectif est de donner un exemple aux clubs car nous sélectionnons l'élite scolaire pour la former et en faire bénéficier les clubs et la ligue du sport scolaire. Pour l'heure, 22 joueurs de la catégorie des minimes du Foreps30 sont mis à la disposition du club Nadjm Bougoufala qui évolue dans la ligue régionale de football dans le cadre d'une convention d'une année.» Point focal de l'intervention de Smail Henida, l'indispensable prise en compte des jeunes talents sportifs du Sud algérien dont les caractéristiques morphologiques sont dûment reconnues pour être typiquement africaines, donc très performantes. «Une pépinière à ciel ouvert qui a besoin d'être formée par un apprentissage technique et une bonne initiation de base tant le gabarit, la morphologie et l'élan peuvent être utiles pour arriver à atteindre l'objectif d'un trophée national et international», estime le coach, qui déplore que l'Algérie, un vrai continent, ne profite pas des éléments-clés du Sud par manque de formation de base et d'investissement dans ce trésor. «Ils sont reconnaissables dans la rue, bruns de peau, grand gabarit, mais ils n'ont pas accès à la formation technique et se perdent dans la foule. J'en rencontre tous les jours», dit-il. Message Concrètement, le message du président du Foreps30 au président de la FAF et au ministre de la jeunesse et des sports comprend trois volets : 1- Révision du programme d'ouverture de centres de formation de jeunes talents annoncé par la FAF : un au Centre, un à l'Est, deux à l'Ouest et pas un seul au Sud ! 2- Ouargla mérite l'ouverture d'un tel centre de par sa position de capitale du Sud, de par les infrastructures et l'encadrement technique existants. 3- Pourquoi ouvrir un centre de préparation des équipes nationales qui ne profite en rien aux enfants de la région ? Le terrain affecté par la wilaya à la création de ce centre devrait être conditionné par le financement par la FAF d'une centre de formation des jeunes talents pour tout le Sud algérien.