En mai 2014, le forum pour l'éducation physique et sportive Foreps 30, une association sportive de la wilaya de Ouargla lançait sa pépinière de jeunes talents sportifs après une campagne de prospection et d'orientation qui a englobé 250 filles et autant de garçons scolarisés. D'autres campagnes ont suivi et quelque 192 graines d'athlètes ont ainsi été recrutées dans deux disciplines sportives à savoir le hand-ball et le football masculins et féminins. Le lancement de cette formation technique a permis de garder 90 jeunes handballeurs et footballeurs juniors. « Des jeunes talents sportifs prêts à rejoindre les meilleurs clubs d'Algérie » estime Smaïl Henida, président du Foreps qui s'apprête à offrir à Ouargla sa première promotion de jeunes sportifs formés dans les standards internationaux. Pour notre interlocuteur qui vient de suspendre l'organisation du tournoi d'échanges prévu en mars prochain avec l'académie « Grinta Sport » de Tunis « à cause d'une subvention de 600 000 DA allouée par la wilaya et retardée depuis plusieurs mois par les services du trésor public de Ouargla », l'engouement des enfants et des parents pour la formation du Foreps30 n'a d'égale que la volonté de toute une équipe d'entraineurs et de pédagogues de mettre sur pied une vraie école de formation de l'élite sportive au sud du pays. Beaucoup de problèmes entravent cette entreprise ambitieuse y compris l'absence d'un stade d'entrainement dédié et le cafouillage des programmes et distribution de rôles dans des infrastructures souffrant de beaucoup d'insuffisances malgré toute la bonne volonté et les efforts déployés par la direction de la jeunesse et des sports. Des athlètes sans stade ! Depuis qu'il a été sommé de quitter son petit stade de l'école primaire Aicha Nouaceur pour travaux d'extension des classes, un chantier suspendu depuis, il n'existe aucune alternative pour ce club formateur qui fait le tour des stades de proximité et salles de sports du centre ville depuis le mois d'octobre 2016. Pour Mustapha Lamamra, membre du staff « le foreps a besoin d'un stade pour ses entrainements hebdomadaires en plein air ». Il existe bien six salles de sports au centre ville qui sont prises d'assaut par les différents clubs et dont le laisser-aller et le manque d'hygiène et d'entretien laissent perplexes à commencer par celle très convoitée du stade communal de La Silice mais Ouargla manque encore d'infrastructures de proximité adaptées aux jeunes talents. Les parents, insurgés par l'insécurité dans le pourtour du stade de l'école de Chorfa, suite au décès d'un adolescent poignardé à mort il y a quelques semaines, ont exigé le changement du lieu d'entrainement. Retour à la case départ pour le Foreps. Pas d'échange Le tournoi d'échange allegro-tunisien qui devait se dérouler au courant des prochaines vacances scolaires n'aura donc pas lieu. Cette manifestation sportive qui a reçu l'autorisation du ministère de la jeunesse et des sports depuis un mois et qui bénéficie pourtant de l'appui des autorités locales à leur tête le wali de Ouargla et le DJS était sensée offrir à la fois une occasion d'échange avec une équipe cotée du pays voisin tout en permettant d'organiser une compétition sportive et un spectacle de qualité pour les amateurs de football. Smail Henida, explique avec amertume que « les efforts déployés par le Foreps 30 pour former une pépinière de jeunes talents à Ouargla devaient être couronnés par un programme d'échange avec des équipes locales et étrangères ». Pour lui, mettre en place des infrastructures sportives de grande envergure à travers la wilaya de Ouargla est un fait incontestable, mais cette réalité est contrebalancée par des problèmes financiers, de gestion et d'encadrement technique. « Les compétences sportives du pays souffrent elles aussi d'une hémorragie causée par la négligence et le manque de considération qui les poussent soit à la retraite forcée soit à quitter carrément le pays ». Changer la donne Pour changer cette situation, le diagnostic étant posé, cheikh Henida parle d'une implication des associations de la société civile pour constituer une nouvelle plate-forme de travail. Avec son staff constitué de trois entraîneurs, il œuvre a changer les choses à travers un programme de formation digne d'une grande école « nous recherchons la qualité et la persévérance » dit-il. Or les promesses ne sont pas tenues, à l'exemple des travaux de rénovation du terrain de Aicha Nouaceur et l'aménagement de vestiaires pour lesquels Abdelhamid Djezzar, le P/APC de Ouargla s'était engagé en personne deux ans plus tot. « C'est à se demander ou ça bloque ? » s'interroge Smail Henida qui se retrouve à la tête d'une jeune de formation qui ne sait pas si elle pourra terminer sa quatrième année dans de bonnes conditions. Le Foreps 30 reste donc dans l'expectative. Pour rappel, le projet de formation d'une jeune élite sportive à travers le tissu scolaire et associatif est né en 2013 à Alger avec pour objectif le développement de l'éducation physique et des pratiques sportives en Algérie. Une idée lancée par Si Mohamed Baghdadi, ancien président du COA et ancien président de la Fédération algérienne d'athlétisme (FAA), fondateur du Foreps. Mise en pratique à Ouargla la même année par la création d'un forum local qui a vite pris la forme d'une école de l'élite sportive qui, œuvrant avec les moyens du bord et grâce à la perspicacité et l'abnégation de ses animateurs a pu résister jusque-là.