Dans les marchés à bestiaux de Timgad et de Boulefreis, d'envergure nationale, une brebis gestante ou avec son agneau est cédée, lamentablement, à 15 000 DA alors qu'auparavant son prix avoisinait les 40 000 DA.Un désarroi visible se lit sur le visage des éleveurs et agriculteurs rencontrés aux marchés, bradant leur patrimoine. Certains éleveurs, venant des Hauts-Plateaux, se plaignent du manque de parcelle de pacage au niveau de la région où, comble du sort, les fellahs désespérés quant à une récolte céréalière moyenne bradent eux aussi des parcelles ensemencées mais sinistrées à la suite de la sécheresse qui a sévi durant les mois de mars et avril. Chacun y va de son explication : pour les éleveurs, dans l'incertitude de ce que sera l'automne, ils craignent la disette de l'hiver où les bottes de foin et de paille pourraient atteindre des prix exorbitants. L'orge, cet aliment énergétique tant prisé par l'ovin, se fait rare, ces jours-ci. «Plus de 3000 DA/q», dit-on. «Comment pourrons-nous entretenir notre cheptel en hiver, il faut brader tant qu'il est temps», s'inquiètent à l'unanimité les éleveurs d'ovins de ces agropastorales.Pour les fellahs céréaliers : «Outre le manque à gagner sur la vente du foin et de la paille, nous sommes privés de la récolte graine.» La nature n'a pas été clémente durant avril et mai. Selon les services agricoles de la région, la campagne agricole est comprise. «80% des surfaces emblavées sont déclarées sinistrées par les communes», informe un technicien qui ajoutera que «l'Etat a, dans le cadre du FNDRA, concédé en début de campagne des aides substantielles pour les cultures céréalières aux fellahs qui s'engagent à suivre l'itinéraire technique». L'on explique aussi que la campagne agricole promettante au début a basculé au printemps, mais «les parcelles préparées convenablement ne sont pas totalement sinistrées», rassure-t-on. Interrogé sur une éventuelle aide de l'Etat, le technicien répond : «L'Etat aura aidé en amont. Le fellah aurait dû assurer ses parcelles à la CRMA contre les calamités naturelles. Cette culture de gestion chez nos fellahs est inexistante.» A l'unanimité dans les milieux agricoles des wilayas limitrophes telles Khenchela, Oum El Bouaghi, Biskra, l'on reconnaît que la campagne moisson-battage est bel et bien compromise. Quant à la dégringolade, pour ne pas dire la chute des prix de l'ovin, l'on accrédite plutôt la thèse réconfortante pour l'économie nationale d'une surveillance rigoureuse des frontières de l'Est algérien par les Douanes et la Gendarmerie nationale, depuis 2002.