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1620 bidonvilles à travers la commune
Réghaïa
Publié dans El Watan le 17 - 01 - 2005

Selon un recensement diligenté par les services sociaux de l'APC de Reghaïa, pas moins de 1620 bidonvilles pullulent sur l'ensemble du territoire de la commune, à la périphérie, mais aussi en plein centre-ville. « Ces derniers sont regroupés sur plusieurs sites : Haouch El Makhfi, la ferme Amirouche dite Goumila, haouch Gaby, Oued Jakem, Oued Belgouraï et Kerrouche », avons-nous appris de la part du 2e vice-président chargé des affaires sociales, du sport et des collectivités locales, Ahmed Makhloufi.
Ainsi et selon les propos de notre vis-à-vis, quelque 30 ha de terrain pouvant servir à la réalisation de projets d'utilité publique, outre la construction d'immeubles à titre d'habitation, sont accaparés par des centaines de familles. « La commune ne dispose d'aucun moyen pour reloger ces ménages, qui survivent dans des conditions d'extrême précarité dignes de favelas », continue-t-il. Ces habitations de fortune sont dans un état des plus critiques, vétustes et délabrées, la violence du séisme de mai 2003 a fini par les achever. Le constat établi par les services de Contrôle technique des constructions (CTC) est venu confirmer le danger auquel sont exposés ces habitants et la nécessité de les évacuer sans plus tarder. L'hygiène laisse à désirer : absence de canalisation pour l'évacuation des eaux usées, d'eau potable et la prolifération des décharges sauvages ou fusent des tas d'immondices au grand dam des riverains, faisant le bonheur des rats et chiens errants qui y foisonnent. Par jour d'averse, l'endroit se transforme en un véritable bourbier où il est très difficile de se déplacer. Pour avoir l'électricité, des branchements illicites sont réalisés à l'intérieur de ces taudis avec tous les risques qui en découlent. « La situation est d'autant plus complexe du fait de l'existence sur place d'individus peu scrupuleux faisant dans le commerce de ces baraques (achat et vente), sans que les autorités locales puissent leur barrer la route. Il en résulte une embrouille et une anarchie sans précédent », dit notre interlocuteur. Dans ce sens, les élus locaux lancent des appels incessants en direction des responsables de la wilaya concernée afin d'intervenir pour démêler l'écheveau, et parer à cet état de fait, qui prend au fur et à mesure que le temps passe des proportions démesurées. Un autre phénomène semble être à la tendance par les temps qui courent à Réghaïa, et qui consiste à squatter en usant de la force, des logements inhabités. Parmi les exemples les plus représentatifs, le cas des 92 logements participatifs Saïdani Allal, appartenant à l'OPGI de Dar El Beïda, qui ont été pris d'assaut quelques mois après le terrible tremblement de terre par 63 familles occupant des baraques mitoyennes. « La liste des bénéficiaires de ces habitations a été établie des mois auparavant et communiquée aux services de l'OPGI dont il est question, lequel devant le refus de ces citoyens se clamant prioritaires et criant haut et fort leur désespoir et leur malvie, a demandé aux services de l'Assemblée populaire communale de revoir cette liste. Depuis la situation est en suspens », renchérit le 2e vice-président. Un autre cas, celui des 68 familles demeurant à Haouch El Makhfi nord qui ont investi dans la nuit du 17 novembre 2004, à 22 h des chalets vides, poursuit-il. « Dès lors, et par crainte de débordements, nous avons fait appel aux forces de l'ordre qui se sont déployées sur place. » Et de continuer : « Après de longues heures de négociation avec les squatteurs qui étaient près à aller jusqu'au bout, nous sommes arrivés à contenir leur colère et à calmer les esprits. Le lendemain ils ont quitté les lieux suite aux promesse faites par les autorités locales de prendre en charge leurs doléances et requêtes. » Une commission a siégé au niveau de l'APC de Réghaïa et une enquête a été ouverte s'appuyant sur les PV de constat établis concernant l'état de ladite ferme et des conditions de vie de ses habitants. Les dossiers complets ont été envoyés, sous les directives du P/APC, au wali délégué de Rouiba qui en référera aux instances supérieures pour qu'une solution leur soit trouvée dans les plus brefs délais. A titre de rappel, Haouch El Makhfi est une ferme datant de l'époque coloniale. Des familles y croupissent la plupart depuis 1973, ayant emménagé dans le cadre de la révolution agraire. D'autres familles parentes sont venues se greffer autour en construisant des baraques. Reste qu'en 1989, le propriétaire de ces terres agricoles a récupéré ses biens, les menaçant d'expulsion. Depuis, ils ne savent plus à quel saint se vouer, ils ont frappé à toutes les portes, ballottés d'une administration à une autre, leur attente perdure. Néanmoins, elles espèrent voir le bout du tunnel et que leurs cris de détresse aient un écho favorable auprès des responsables. Incontestablement la commune de Réghaïa à de quoi donner du fil à retordre aux autorités concernées, d'une part en prenant en charge le dossier lourd des bidonvilles et des familles qui y campent, et de l'autre mettre un terme au désordre qui y règne en maître des lieux.

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