La misère sociale que les villageois ont embrassée depuis des décennies n'a pas diminué d'un iota. Le chômage dont souffrent les jeunes bat son plein et ronge les volontés à Aït Rahmoune. Si ceux qui ont la chance d'acquérir des niveaux d'instruction fuient la région pour chercher du travail dans les villes, les jeunes qui ont eu la malchance de rater le train de la qualification ne trouvent que les métiers traditionnels pour survivre ou des tâches toujours plus pénibles que l'on ne supporte que pour une durée limitée. «Ici, on a le choix entre les cuvettes des rivières pour l'extraction du sable ou le travail dans les chantiers chez des particuliers souvent sous-payés et sans assurance», nous déclare Rabah, la trentaine, visiblement écrasé par l'oisiveté. Ces derniers temps, tous les yeux sont tournés vers le nouveau lycée d'Aït Yahia Moussa dont la construction vient d'être entamée. Quelques dizaines d'emplois en perspective. En matière de structures étatiques et de services publics, Aït Rahmoune est très mal lotie. L'unique bureau de poste dont dispose le village est fermé depuis de longues années et, pour leur courrier, les citoyens sont appelés à faire le déplacement jusqu'au chef-lieu de la commune. «Le problème se pose beaucoup plus pour les vieux retraités qui se déplacent parfois seuls pour le retrait de leur pension», nous confie Arezki, un commerçant ambulant avant de nous faire savoir que le problème ne se limite pas au bureau de poste. Le centre de soins du village est dépourvu de matériel et des médicaments nécessaires. Dans l'unité de santé d'Aït Rahmoune, l'infirmier qui est détaché n'intervient que pour les changements de pansements ou des injections. Pour les autres soins médicaux, il faut faire le déplacement à Aït Yahia Moussa ou Draâ El Mizan, regrette-t-on. A l'ombre de toute cette chaîne de difficultés, l'alimentation en eau potable demeure le problème qui irrite au premier degré. Les représentants des villageois nous font savoir à cet effet que les robinets sont à sec depuis des années. «Nous n'attendons plus que l'eau coule de nos robinets depuis longtemps», regrette Hamid. Selon ce dernier, l'alimentation en eau potable a cessé en raison du manque enregistré au niveau de la source principale qui se trouve sur les monts de Sidi Ali Bounab. Pour parer à cette lacune, les responsables de la commune et la direction de l'hydraulique de la wilaya de Tizi Ouzou ont promis de refaire tout le réseau AEP pour alimenter à nouveau ce village à partir d'une nouvelle station qui se trouve dans la région de Draâ Ben Khedda. Actuellement, les habitants se contentent des 400 litres que distribuent les citernes de la commune chaque semaine pour chaque foyer.