Des centaines de supporters algériens, qui se sont déplacés des quatre coins du pays pour soutenir l'Entente, ont été le moins qu'on puisse dire humiliés par les organisateurs qui ont « géré » et à leur manière le dossier de la billetterie. En faisant fi des sentiments de leurs invités qui se sont déplacés dans le but de soutenir leur équipe, les Tunisiens ayant facilité la tâche à leurs supporters, lesquels ont eu, depuis samedi, toute la latitude pour s'offrir un ticket d'accès et au prix désiré (5 ou 10 DT), ont mis les nerfs des Algériens à rude épreuve. Ne manquant pas d'imagination et pour éviter tout rapprochement entre les « frères » du Grand-Maghreb, qui demeure un mythe, les gens de Monastir n'ont rien trouvé de mieux que de confectionner des billets spécifiques (de différentes couleurs) aux supporters des deux formations. Pour avoir droit à un ticket au prix fort (1400 DA), les centaines pour ne pas dire les milliers de fans algériens ayant fait des milliers de kilomètres étaient obligés de se lever hier de bonne heure pour faire la chaîne devant deux boutiques installées hors de la cité chère à Bourguiba. Les véhicules algériens étaient, hier, interdits d'accès à Monastir. Malmenés et touchés dans leur amour-propre par une telle attitude, les supporters, qui ont éprouvé les pires difficultés pour obtenir le fameux sésame, n'avaient pas en sus le droit de flâner en ville, comme planifié par les organisateurs qui ont réquisitionné des bus devant transporter les encombrants « amis » très bien escortés. Pis encore, un voyagiste algérien n'a pas manqué de nous faire part des malheurs de son partenaire tunisien qui a « osé » honorer ses engagements : « Notre contact, qui s'est offert 30 billets pour que nous puissions les mettre à la disposition de nos clients, est dans de beaux draps, car il a été verbalisé par la police tunisienne qui va sans nul doute sanctionner un tour-opérateur n'ayant pourtant pas commis un sacrilège », souligne, sous le sceau de l'anonymat, un voyagiste connu sur la place de Sétif. En colère, un supporter d'un certain âge parle, quant à lui, de provocation : « La manière de faire des Tunisiens, qui nous parquent dans un terrain vague hors de la ville comme du bétail, n'est ni plus ni moins que de la provocation. S'ils n'ont pas oublié les événements de Sfax, c'est aussi valable pour les Algériens qui ne sont ni des faussaires ni des hooligans. »