On ne saurait s'arracher à soi-même, à ses mauvais penchants. Un camarade a eu l'occasion désagréable de le constater. Il n'a pas fait que mal supporter la canicule. Il tomba sur un commerçant véreux qui voulait lui faire porter le bonnet d'âne. Manquant visiblement d'intuition, il pénétra dans un magasin de téléphonie de la rue Abdelkrim Khettabi pour réparer l'afficheur de son vieux portable. Quelle ne fut sa surprise quand le commerçant demanda la bagatelle de 2000 DA pour effectuer la réparation. Le camarade fut horrifié, retourné et estomaqué. C'est le choc. La bêtise lui coupa le souffle. Réclamer un pactole pour si peu de chose frise l'indécence. Notre ami eut l'impression d'avaler de l'asphalte, et le prix déclamé avec désinvolture sonna comme un affront. Il avait la sensation nette que le commerçant, plutôt impudent et peu cavalier, règle mal son œdipe ou a une toile d'araignée dans la cervelle. En tout cas, il manifeste une singulière guerre des puces. Le grand négoce garde toujours sa part de mystère et de bouffonnerie, mais il y a des limites. Notre brave quidam, au regard de cette anecdote bien salée, grivoise et pas drôle du tout, se sentait dans la peau d'un veau à cause d'un trublion qui fixe les montants au pif et à la tête du client. Dans cette foire, beaucoup de commerçants ont tendance à partir souvent du mauvais pied. Gulliver ne se soucie pas des lilliputiens. C'est sens dessus dessous. Fort heureusement, le camarade se ressaisit de sa mésaventure. Il prit son appareil et ses jambes à son cou, jurant de faire de cet esclandre tout un fromage. Rien que pour riposter à un «autocrate» totalement timbré. Le fait du prince n'est pas près de rendre l'âme. Et le client reste un simple comparse aux prises avec des relents hautement mercantiles.