Premier intervenant, Mustapha Boudina, également président de l'Association nationale des anciens condamnés à mort, se dit être pour tout ce que propose le Président Bouteflika. «Le oui du 29 septembre sera massif et démonstratif rien que pour montrer que notre peuple croit à la paix et à la réconciliation», lâche-t-il d'emblée, comme s'il peut y avoir des Algériens qui refusent de vivre en paix. «La charte vient couronner un projet de société lancé par le Président Bouteflika, depuis son premier mandat. La réconciliation nationale est la première étape dans la construction d'une Algérie nouvelle», ajoute-t-il. Le sénateur précise qu'il s'agit de la première étape, mais ne dit pas qu'elle serait la prochaine. Il ne le sait sans doute pas. Il ne sait pas non plus qu'elle serait la date limite fixée pour que ceux qui sont encore au maquis déposent les armes et se rendent aux autorités. Pour lui, l'essentiel maintenant est de soutenir ce projet. Car c'est important. Important parce qu'il est le produit du président de la République ? M. Boudina ne donne pas d'éclairage là-dessus. Il n'évoque même pas les dispositions de la charte. Il se contente de dire : «Nous, les anciens condamnés à mort, nous avons connu la souffrance, la douleur et nous connaissons la valeur d'une vie en paix. C'est pour cela que nous sommes arrivés à nous convaincre que la réconciliation est l'unique solution. Car nous ne voulons plus vivre dans la haine, dans la peur et l'insécurité.» Il soutient la charte «dans toutes ses dimensions». Pour lui, ceux qui sont contre le projet de charte du Président sont ceux qui ont des intérêts à perdre si la paix et la stabilité reviennent définitivement, car tout sera limpide. «Je ne veux pas parler de ceux qui conditionnent leur soutien, qui marchandent», dit-il. Mais il les informe de leur «tort». Il rassure l'initiateur du projet que «tous les anciens condamnés à mort vont voter pour la charte et continueront à faire le travail de proximité afin de le concrétiser sur le terrain». Il prévient les gens contre d'éventuelles alliances contre nature et trouve que «les opposants au projet du Président sont incapables de nous affronter, car ils n'ont pas d'arguments». Il estime que le développement de l'Algérie s'est arrêté avec la mort de Houari Boumediène. «Depuis, aucune usine n'a été construite. L'accumulation des retards a engendré le soulèvement du 8 octobre 1988. Depuis cette date, le champ s'est ouvert à l'insulte et aux calomnies. Cette violence verbale nous a amenés à une violence armée», soutient-il. Selon lui, le projet portant paix et réconciliation nationale va prendre en charge tous les facteurs qui ont poussé à cette violence. Il ajoute que ce projet va consacrer le respect d'autrui et le respect des droits de l'homme. Le sénateur Boudina oublie, semble-t-il, que le Président Bouteflika a déclaré dans un meeting à Sétif, le 25 août 2005, que le peuple n'est pas sorti en octobre 1988, mais qu'on l'a fait sortir. Il considère que cette charte permettra au «processus de développement de s'entamer», d'autant plus que «la cagnotte est importante». Mais aussi les soutiens sont abondants. Il rappelle, au passage, que les efforts consentis dans ce sens depuis l'arrivée de Bouteflika à la présidence de la République s'élèvent à 55 milliards de dollars. Zahia Benarous, ancienne présentatrice à l'ENTV actuellement membre du bureau national du RND, prend le microphone. Elle commence à parler en un français approximatif avant d'informer qu'elle poursuivra son intervention en arabe qu'elle maîtrise mieux. Elle trouve que la presse «a un rôle important dans la promotion de ce projet». DEPASSER TOUT Elle considère le 29 septembre comme le début de la thérapie qui s'étalerait sur plusieurs mandats, peut-être. Elle se dit sensible et attentive au traitement de la question des disparus. Mais elle estime qu'il ne faudrait plus se demander qui a kidnappé qui et qui a tué qui. Pour elle, les Algériens ne devraient plus se poser des questions sur le passé récent de leur pays. «Nous devrons dépasser tout cela», indique-t-elle, se targuant d'être militante au sein du mouvement des femmes algériennes. Elle est, rappelle-t-elle, membre du bureau national de l'Union nationale des femmes algériennes, organisation féminine officielle qui a mené campagne pour la réélection de Abdelaziz Bouteflika. Dalila Halilou, actrice, demande la parole pour dire des choses à l'assistance, dont l'ambassadeur de Suisse en Algérie, et quelques têtes poivre et sel, des anciens combattants ou moudjahidine peut-être. Elle qualifie le fait de rejeter la charte d'«inconscience totale» et de «folie furieuse». Sénatrice siégeant dans le tiers présidentiel, Mme Halilou dénie le droit aux opposants à la charte de parler «au nom du peuple» qui est, selon elle, «pour la réconciliation». A-t-elle fait un sondage pour être si sûre ? Elle trouve le Président «formidable». Depuis son arrivée au Pouvoir, «on dort le soir et on ne fait pas de cauchemar», argumente-t-elle. Et de surcroît, «depuis qu'il est là, il ne nous propose que de bonnes choses». Abad Mohamed, président de l'association Machâal Chahid, parle, ensuite, sans rien dire, qu'il est, lui et son association, pour la charte du Président. Un homme prend la parole et se présente comme le président de l'Association des anciens appelés et rappelés. Il annonce le soutien de son association au projet de charte. Un père qui a perdu ses deux enfants durant les années de braises intervient, aussi, pour dire qu'il pardonne à ceux qui ont tué ses deux enfants. Il précise, inutilement, qu'il n'est pas de ceux qui courent derrière d'éventuels dividendes. Autrement dit, il dit qu'il n'est pas un opportuniste. Comme il y en a beaucoup, ce père de deux morts a peur qu'on le confonde avec le reste.