«Je suis avec le président Bouteflika. A ceux qui ont tué mes deux fils, je pardonne, je pardonne, je pardonne.» La charte pour la paix et la réconciliation nationale a été au centre du débat du forum d'El Moudjahid auquel ont participé des membres du Conseil de la nation, en l'occurrence Mustapha Boudina également ancien chef des patriotes et non moins président de l'Association nationale des condamnés à mort de la guerre de libération, Mme Dalila H'lilou, Mme Zahia Bénarous et M.Abad Mohamed, président de l'Association «Machaâl echahid». Etaient présents des citoyens venus apporter leur soutien au projet du président de la République, des membres d'associations ainsi que Son Excellence l'ambassadeur de Suisse. Mustapha Boudina, qui a ouvert le bal parlait avec beaucoup d'entrain, «convaincu que la réconciliation est le salut de l'Algérie» ne cessait-il de répéter. Pour l'orateur, «c'est une révolution populaire pour instaurer un Etat de droit». Et d'enchaîner: «Le peuple a des exigences qui ne peuvent être satisfaites que dans un climat de stabilité et de sécurité. Que la haine soit bannie, que la douleur soit calmée, que l'islam règne dans le coeur et dans la conscience et qu'il n'exprime pas la violence. Je parle au nom de l'association des condamnés à mort, nous sommes sur le terrain depuis le début et nous aspirons à ce qu'il ait un résultat massif et démonstratif». Pour lui, «ceux qui conditionnent leur soutien et ceux qui refusent la réconciliation nationale doivent dire clairement leur raisons sauf si derrière ce refus, ils tentent désespérément de protéger leurs intérêts.» Et d'ajouter que «le projet du président ainsi que son programme sont venus mettre un terme à la hogra, au chômage, à l'abus d'autorité et à l'exclusion». Madjid Tareb, le directeur du centre de presse d'El Moudjahid est intervenu en s'adressant à l'ex-vedette du JT de 20 heures. Il s'est interrogé sur l'épineux dossier des disparus. La sénatrice a estimé en guise de réponse que «cette catégorie», en se rapportant au dernier discours du président de la République, «est prise en charge par la charte». En tant que militante de l'Algérie, a-t-elle poursuivi, et en tant que journaliste qui a eu à subir les affres du terrorisme comme mes confrères et également en tant que militante de la cause féminine et enfin en tant que militante du RND qui a vu le jour durant la décennie rouge, je pense sincèrement que le 29 septembre reste une étape importante dans l'Histoire de l'Algérie. Nous devons nous sensibiliser les uns les autres afin de rattraper le temps perdu et d'être arrimés au cortège de l'humanité. Comme l'a dit le président, les lois de la Rahma sont des gorgées bienfaitrices qui apportent le remède à nos malheurs. Il y a eu la loi de la main tendue en 1995, celle de la concorde civile en 1999 et la charte pour la paix et la réconciliation pour laquelle nous devons nous mobiliser. Les familles des victimes ont le droit de demander leur statut et celles des disparus ont également le droit d'être prises en charge mais il ne faut pas verser dans l'exclusion de repentis». Mme Dalila H'lilou qui revendique son statut d'artiste a, dans une intervention improvisée, estimé que «les artistes qui sont des êtres sensibles ont depuis tout temps opté pour la réconciliation nationale». Et d'ajouter: «Nous sommes un peuple malheureux qui a connu des moments douloureux. C'est de l'inconscience que de rejeter un tel projet. Le président comprend ce peuple. Ceux qui essayent de marchander leur soutien n'ont pas le droit de parler au nom du peuple. Depuis 1999 la vie est devenue quasiment normale nous dormons en paix et nous faisons moins de cauchemars». Abad Mohamed président de l'association Machaâl echahid est intervenu en indiquant que «notre rôle est plus important après le 29 septembre . Il est axé sur la prise en charge des orphelins de la tragédie. J'étais orphelin et j'ai été élevé dans un centre. Quand on sortait en excursion ou quand on recevait des cadeaux ou des visites je ne me sentais plus seul, je me disais qu'il y a des personnes généreuses qui s'occupent de moi». Le débat était empreint d'émotion, notamment quand un père de deux enfants lâchement assassinés par les terroristes durant la décennie sanglante s'est levé, prit le micro et déclara les yeux embués de larmes: «Je suis avec le président Bouteflika et à ceux qui ont tué mes deux fils, je dis «je pardonne, je pardonne je pardonne» L'assistance salua le courage de ce père qui croit dur comme fer que seule la voie du pardon est susceptible de faire relever le pays de son drame.