Leurs plus belles robes ont été imaginées sur mesure pour une cliente unique pour des circonstances particulières : une cérémonie, un mariage, une grande soirée, un événement politique ou artistique, visite de chef d'Etat ou remise d'oscar… La plupart des spécialistes de la mode estiment que dans de telles circonstances, ce n'est pas la femme qui porte la robe, mais c'est la robe qui porte la femme. Preuve en est l'exposition poétique et insolite à la fois intitulée My favorite dress, qui se déroule actuellement dans le tout nouveau musée londonien Fashion and Textile Museum (FTM). Ses façades de couleurs rose et orange illuminent la rue grise de l'East End londonien, sur la rive sud de la Tamise : plaquées sur le bâtiment d'un ancien entrepôt ainsi recyclé et détourné, c'est l'œuvre de l'architecte mexicain Ricardo Legorreta. Le musée Fashion and Textile Museum a été créé grâce à la styliste anglaise, Zandra Rhodes, réputée pour ses goûts excentriques. Depuis des années, cette dernière cherchait un vaste espace pour abriter ses archives et ses collections, estimées à environ 3000 vêtements, de nombreux dessins et des vidéos. Le projet ayant pris peu à peu de l'ampleur est aujourd'hui un établissement complexe consacré à la mode des années 1950 à nos jours. L'inauguration a été parrainée par la princesse Michael de Kent, cependant, les portes du musée s'ouvriront peu à peu au public. Des salles d'expositions permanentes, une bibliothèque et un centre de recherches, un café-restaurant, une boutique et une librairie… sont les espaces proposés. La responsable a la ferme ambition de constituer un lieu de référence pour les créateurs et les professionnels de la mode, mais également de jouer un rôle éducatif pour les apprentis stylistes, les enfants des écoles et les riverains, jusqu'ici plutôt défavorisés sur le plan culturel. L'exposition en question comporte soixante-dix couturiers et créateurs de tous les pays, représentant les tendances les plus diverses, qui ont accepté de montrer leur «robe préférée». Des textes d'accomapagnement et parfois aussi tout un roman rehausse les tenues ! Certains de ces modèles font partie de l'histoire de la mode : à l'image de la robe à la marguerite en maille de coton et rayonne de Mary Quant, «simple, chic et sexy, qui exige des jambes sensationnelles», selon sa créatrice ; celle de taffetas, soie et tulle rebrodé de fleurs laissant sur la peau comme un tatouage, dessinée par le Libanais, Elie Saab, dans laquelle la belle Halle Berry alla recevoir son oscar, ou encore le tailleur du soir de Carolina Herrera pour Jackie Kennedy. En somme, la plupart des tenues parlent de la femme, témoignant toutes d'un style et d'élégance selon Giorgio. Mais la contribution la plus émouvante est celle du styliste Russel Sage qui explique que sa robe préférée est la robe de mariée de sa mère. Un «vintage» qu'il a fait défiler lors du final de sa collection de l'automne-hiver 2001. «Déchirée, tachée, brûlée», portée par son mannequin vedette, c'était pour lui la robe la plus importante de sa vie.