Au regard de la teneur des programmes proposés par ces chaînes, on constate que les feuilletons, les séries, les films et autres émissions musicales et celles dites de «divertissement» sont motivés par un souci débilisant, voire crétinisant du téléspectateur algérien. Mis à part quelques exceptions, pour ne pas dire fulgurances, se comptant sur les doigts d'une main. Et ce, en n'ayant cure de ce que pense le téléspectateur algérien et en insultant sa désormais exigence numériquement cathodique. Comme s'il ne méritait pas un produit de qualité (qu'il trouve sous d'autres cieux satellitaires) et du respect tout simplement. Ce n'est pas un constat «plombant l'atmosphère et l'air» d'un esprit chagrin. Car il faut bien de la détente et de la récréation dans une télévision. Mais de par le monde, la télévision n'est pas foncièrement légère et futile mais utile aussi. Et le signe patent à l'ENTV est l'absence flagrante de professionnalisme à tous les étages par analogie à ce qui se fait dans le monde arabe, à l'image de Dubaï TV, MBC, LBC, Al Jazeera ou encore les marocaines 2M et Magharibia ayant fait un bond d'excellente facture en matière de production, réalisation, programmation, et surtout d'affranchissement, proprement dit, d'ouverture du paysage audiovisuel et de la liberté de ton. Or, la télévision algérienne, même avec ses ambitieux projets de création de nouvelles satellitaires jeunesse et loisirs, qui n'est qu'un fard ponctuel, ne se défaussera guère de cette frilosité à la différence des autres, de l'angoisse de l'expression contradictoire et de la libéralisation des ondes. Car la télévision algérienne demeure une lucarne étatique jurant d'avec le service public. Et le déverrouillage de l'espace médiatique n'est pas pour demain. Et c'est même le président de la République qui a déclaré que l'Algérie n'était pas prête pour l'ouverture du champ audiovisuel. Car la télévision est un pouvoir ! On est loin, à titre d'exemple, de l'indépendance de la chaîne britannique du secteur public, BBC, et de son historique autonomie avec le gouvernement de Tony Blair sur ce qu'on avait appelé «l'exagération (sexed up)» de la menace irakienne et ses armes de destruction massive et la fameuse affaire du professeur Kelly, spécialiste des armes de destruction massive avait été retrouvé mort dans un bois près de chez lui, quelques jours après son audition devant une commission parlementaire. L'exemple en politique est plus qu'évident en Algérie. Faute d'émissions de débat librement contradictoire, les hommes politiques sont contraints de s'exprimer à partir de chaînes privées satellitaires arabes et étrangères pour être écoutés par les téléspectateurs algériens. A ce propos, l'ex-président-directeur général de France Télévisions, Marc Tessier, définit la vocation première du service public : «La télévision publique exerce une mission spéciale et non spécialisée… Sur le plan éditorial, nous sommes complètement autonomes. Il n'y a jamais d'intervention politique sur le contenu des journaux télévisés. En France, ce n'est pas possible.» Donc, l'Algérie est une démocratie avec un paysage médiatique verrouillé (cela ne s'invente pas). Infantilisme et paternalisme orweliens de Big brother is watching you ! (le grand frère te regarde). C'est unique et inique !