La privation voire la « punition » cathodique infligée par la télévision nationale algérienne à ses téléspectateurs quant à la retransmission des matches de la Coupe du monde 2006, et ce, en leur offrant simplement une mire pénalisante et vraiment frustrante démontre du peu d'intérêt qui leur est porté. Pour ne pas dire un mépris flagrant affiché à l'endroit des téléspectateurs espérant partager cette célébration urbi et orbi du football à l'image des autres pays du monde. Bien que des palliatifs et autres solutions de fortune ont été proposés pour parer au plus pressé afin de réparer cette bévue audiovisuelle monumentale. Sans démagogie aucune ! En s'abonnant sur l'obligée et incontournable chaîne art, le diffuseur exclusif dans le monde arabe (Mont-Orient et le Maghreb) de par l'achat de cartes d'une durée d'un mois de l'ordre de 2100 DA. Cependant, cela demeure une « dîme » ou encore une « redevance » de circonstance. Ce qui est patent dans cet épisode - qui pourrait paraître comme magnanime voire naïf - c'est un rappel de l'existence d'une télévision unique jurant avec le service public (normalement une vocation première), et immanquablement étatique. N'ayant cure d'autres télévisions concurrentes, privées et libres. Par voie de conséquence, un champ médiatique verrouillé à l'émeri. La preuve ! L'absence de débats politiques contradictoires et autre liberté de ton à la télévision algérienne. L'on se souvient des dernières présidentielles, les candidats ont été contraints à « s'expatrier » sous d'autres cieux satellitaires étrangers, notamment arabes et anglo-saxons pour s'exprimer (librement) et s'adresser au téléspectateur et éventuel électeur algérien ou encore la suppression (interdiction) à la hussarde de la diffusion de la Star Ac' arabe sur l'ENTV. D'ailleurs, la semaine dernière, le frais émoulu ministre de la Communication, Hachemi Djiar, a affirmé et confirmé la fermeture du champ médiatique. Pour cause ! « La démocratie et l'Etat républicain ne sont pas encore à l'abri. Rien n'est irréversible si l'on ne reste pas vigilant...Tant que l'Etat, convalescent, n'a pas suffisamment de garanties, il n'ouvrira pas le secteur à l'investissement privé... », avait-il étayé. On l'aura compris, la télévision (média logistiquement lourd) est par excellence, un pouvoir. On est loin de la télévision de service public dans son acception sémantiquement audiovisuelle. Par analogie, en matière d'indépendance, l'ENTV est aux antipodes de la chaîne britannique BBC du secteur public (financée exclusivement par la redevance) est de son historique autonomie frontale face au gouvernement de Tony Blair sur ce qu'on avait appelé « l'exagération (sexed up) » de la menace irakienne et ses armes de destruction massive et la fameuse affaire du Pr Kelly, spécialiste des armes de destruction massive, qui avait été retrouvé mort dans un bois près de chez lui quelques jours après son audition devant une commission parlementaire. Et de front, le journaliste de la BBC, Andrew Gilligan, avait accusé le gouvernement britannique d'avoir manipulé le dossier sur l'arsenal irakien avant la guerre. A propos de l'indépendance, éditorialement parlant, de la télévision dite du service public, l'ex-directeur général de France Télévisions (secteur public), Marc Tessier, qualifie : « Sur le plan éditorial, nous sommes complètement autonomes. Soumis au contrôle du CSA. Il n'y a jamais d'intervention politique sur le contenu des journaux télévisés. En France, ce n'est pas possible... La télévision publique, c'est une télévision qui n'a pas de préoccupations commerciales et financières... Elle exerce une mission spéciale et non pas spécialisée ciblant le grand public. » Quant au parallèle avec les autres chaînes satellitaires arabes, notamment maghrébines, l'ENTV est une télévision anachronique et franchement obsolète. Il n'y a qu'à voir les TV marocaines 2M et Magharibia ou celles du « Machrek » (Moyent-Orient) telles que art, LBC, MBC, Al Jazeera, Charkya, Al Arabiya ou encore Rotana pour se situer en termes de qualité et autre affranchissement. Sans commentaire ! L'infantilisme et autre paternalisme orweliens du Big brother is watching you passe par le service ou plutôt « sévice » public !