Faute d'éclairage public et de sécurité, le travail de nuit est un risque pour nos travailleurs.» Il est 9h30, le quartier appelé Bachedjarah 3, où sont implantés notamment le siège de l'APC, le cimetière et le bureau du RND, n'a pas encore vu le passage des agents de NetCom. La benne à ordures déposée à l'entrée de la cité est à moitié pleine. Cela n'a pas empêché les résidents de déposer leurs sacs noirs à même le sol. Deux agents de NetCom se chargeront par la suite du nettoyage du périmètre de la benne. Toute la façade de cette cité est jonchée de déchets divers, notamment les bouteilles, les cartons et les sachets en plastique. «Ce n'est pas à nous de la nettoyer. C'est le travail de l'Office de la promotion et de la gestion immobilière (OPGI)», indique le chef de l'unité. Par pur hasard, notre tournée à Bachedjarah a coïncidé avec la visite du wali délégué de Baraki aux Eucalyptus. Le chef de daïra, accompagné du maire de la localité, a critiqué l'aménagement extérieur du siège de l'unité d'El Harrach de NetCom. Ce dernier est encombré d'étals d'un vendeur à la sauvette, de gravats et de terre. Le chef de l'unité s'en défend. «Les étals, c'est à l'APC de mettre en demeure son propriétaire, saisir sa marchandise ou faire intervenir les services de sécurité dans le cas extrême. La terre se trouve sur la chaussée donc elle ne relève pas de nos services, mais de ceux de l'APC ou d'Asrout. Les gravats ont été générés par des travaux effectués par Sonelgaz, donc c'est à elle de les enlever.» Il faut noter ici le grand flou au sujet des missions des uns et des autres. La multiplication des Etablissements publics à caractère industriel et commercial (Epic), à l'exemple de NetCom, Erma, Asrout, Edeval, avec une certaine autonomie de décision, n'est pas faite pour régler le problème du ramassage des ordures qui s'entassent dans le moindre coin et qui constitue une atteinte flagrante au cadre de vie et à l'environnement. «A chaque fois que l'on parle d'hygiène, les gens ainsi que les différents responsables ne pensent qu'à NetCom, alors que d'autres acteurs impliqués n'assurent pas leur mission comme il le faut», se plaignent des responsables de NetCom. Incivisme des habitants Ces derniers s'accordent à dire que la capitale ne fait que subir les conséquences de la dissolution du Conseil populaire de la ville d'Alger (CPVA) suivie d'une décentralisation qui a enfanté une nuée d'Epic, 21 en tout, dont les modes opératoires sont à clarifier. Et c'est à la wilaya, en tant que tutelle de ces Epic de mettre de l'ordre dans ce secteur. A ce titre, le wali d'Alger, Mohamed Kébir Adou, pourra toujours affirmer : «L'hygiène, c'est mon programme.» L'incivisme des habitants, parfois des visiteurs de la ville, donne par ailleurs beaucoup de soucis. Le non-respect des horaires et le dépôt anarchique des déchets ménagers compliquent très souvent la tâche des éboueurs. Les exemples ne manquent pas. Il était 23h20 au début de la semaine quand, à El Biar, trois agents de NetCom à bord du camion 2119 s'attaquent aux déchets entassés un peu partout sur les trottoirs de l'avenue Ali Khodja. Des cartons, des bouteilles en plastique, des branches d'arbre… tout y est. Arrivé au 76A, le camion pivote sur lui-même et s'apprête à redescendre pour permettre aux éboueurs de ramasser les ordures abandonnées de façon anarchique de l'autre côté de l'avenue. Avant que l'engin ne quitte les lieux, un enfant arrive pour mettre un sachet noir, contenant vraisemblablement des déchets ménagers, dans le bac à ordures. Au même moment, un homme âgé y dépose un gros carton contenant des petites boîtes. Un vieux passe, récupère le carton et abandonne les boîtes sur le trottoir à quelques mètres plus loin. Au 121 de l'avenue, un boutiquier s'occupe à faire sortir des cartons juste après le passage des éboueurs. Décidément, la question du manque d'hygiène à Alger est l'affaire de tous. C'est que toute action qui ne bénéficie pas de l'adhésion des citoyens est vouée à l'échec. «Respectez les horaires» Pour inciter les habitants à déposer leurs déchets ménagers dans des sacs bien ficelés entre 19h et 21h, les responsables de Net Com ont opté pour l'affichage multiple qui, parfois, constitue une atteinte à l'environnement. L'une de ces affiches est réalisée à base de caricatures représentant un enseignant aux airs bizarres et des élèves rigolards tout en portant les logos de plusieurs entreprises. Le tout accompagné du texte suivant : «Copiez-moi cent fois : Hachakoum, je ne dois pas jeter les ordures avant 19h ni après 21h.» Le respect de ces horaires, qui est une affaire sérieuse, est présenté comme étant une punition pour des élèves fautifs. Les responsables de la «communication sociale» chez NetCom se doivent d'imaginer des messages plus percutants et instructifs. L'affiche ne doit pas être un prétexte de rente à travers la sollicitation des sponsors.