Avec les coups d'Etat à répétition, les pandémies, le spectre de la famine, les guerres civiles interminables, le continent africain offre le tableau dantesque d'une tourmente en temps réel. Rares sont en effet les pays africains qui peuvent se prévaloir des moindres équilibres économiques, politiques ou sociaux. Le Ghana constitue à cet égard une exception notable par la pratique librement consentie de la démocratie des urnes et de la transition pacifique au pouvoir. C'est un exemple à méditer, au moment ou les putshes militaires se multiplient. Les plus grands espoirs avaient été fondés sur la Mauritanie avant qu'un pronunciamento ne renverse, en août 2008, le président régulièrement élu. L'Union africaine, face à de telles dérives, se montre inefficace à faire accepter un consensus démocratique dans des pays où les principes de bonne gouvernance sont aléatoires. La mission de médiation engagée par le colonel Kadhafi à Nouakchott laisse ainsi beaucoup de zones de turbulences en suspens. Le dirigeant libyen, en sa qualité de président en exercice de l'UA, est face au dossier épineux des conflits sans fin qui agitent le continent. Quid en effet de la Somalie, du Soudan, de Madagascar, de la République démocratique du Congo, de la Guinée, de la Guinée Bissau, de Madagascar ou de l'Ouganda. La charte consensuelle de l'UA est battue en brèche par les intérêts des forces organisées qui nourrissent les conflits sanglants en Afrique. Cela fait les affaires des marchands d'armes et des lobbies économiques et financiers qui exploitent les situations de crise pour faire main basse sur les ressources du continent. L'Afrique, en dépit de ses immenses richesses, ne parvient pas à garantir l'autosuffisance alimentaire de ses différents peuples. La corruption, au niveau des sphères dirigeantes, le chômage, une insécurité chronique poussent les élites à ne pas se stabiliser et les laissés-pour-compte à prendre le chemin d'un exil souvent suicidaire. L'Union africaine, dans ses velléités de réformes dans le continent, se heurte à un principe de souveraineté des Etats qui fait que toute action de sa part serait assimilée à de l'ingérence dans les affaires internes des pays en crise. L'UA n'a que peu de moyens de contrainte et ce, d'autant moins si elle n'est pas relayée par la communauté internationale. L'Afrique qui croyait en avoir fini avec les coups d'Etat en est quitte pour observer que le phénomène a la vie dure et que ce sont des dirigeants, eux-mêmes venus au pouvoir par la force des armes, qui se mêlent de faire la leçon aux dictateurs frais émoulus en les appelant à regagner leurs casernes. L'Afrique, généreuse et nourricière, immémoriale, ne mérite pas de basculer dans l'incertitude du lendemain après avoir subi les atrocités de l'esclavagisme et du colonialisme qui ont failli la dépersonnaliser et la vider de sa substance humaine.